La ministre des Finances, Monique Jérôme-Forget, juge «troublante» l'ampleur des pertes de la Caisse de dépôt et de placement pour l'année 2008, surtout que la performance du bas de laine des Québécois est bien en deçà de la moyenne canadienne.

«C'est avec beaucoup de déception que le résultat tombe avec un chiffre d'une telle envergure», a-t-elle affirmé aujourd'hui en conférence de presse.La Caisse venait d'annoncer des pertes historiques de 39,8 milliards de dollars, un rendement négatif de 25,6% pour l'année 2008.

«Ce qui est plus troublant, c'est de voir l'écart avec la moyenne canadienne», a affirmé Mme Jérôme-Forget. L'écart est de six à sept points.

Il faut selon elle «garder la tête froide» - les pertes sont surtout «sur papier» - mais poser «un regard critique» sur la performance de la Caisse. Elle souhaite la tenue d'une commission parlementaire pour des raisons de «transparence» et de «rigueur». Elle veut faire comparaître les gestionnaires - Fernand Perreault et Pierre Brunet - tout comme l'ex-PDG Henri-Paul Rousseau. «Il faut apporter un éclairage sur les façons de faire de la Caisse», a-t-elle dit.

La commission parlementaire doit se tenir «rapidement», car «les gens veulent savoir, être informés, et les parlementaires veulent poser des questions».

Le gouvernement entend procéder à des nominations au conseil d'administration de la Caisse, dont à la présidence, dans un «délai très court» Plusieurs mandats sont échus. Un PDG devra être nommé «dans les plus brefs délais», à la suite d'une recommandation du conseil d'administration. Il faut procéder «dans les semaines, pas les mois qui viennent», a insisté Monique Jérôme-Forget. Elle dit ne pas être intervenue auprès de la caisse au sujet des choix d'investissement.

Selon elle, la Caisse devra adopter une nouvelle politique de gestion de risque, ce que son PDG intérimaire, Fernard Perreault, promet déjà. Le conseil d'administration doit former un comité sur le risque «plus rigoureux», a ajouté Mme Jérôme-Forget.

Les gestionnaires de la Caisse de dépôt et de placement devront donc rendre des comptes devant l'Assemblée nationale au sujet des résultats désastreux. Ils comparaîtraient dès la semaine prochaine.

Les membres de la commission parlementaire des finances publiques se réuniront aujourd'hui afin de préparer des audiences extraordinaires qui visent à faire la lumière sur les pertes du bas de laine des Québécois. La rencontre se tiendra à 17h30.

Un bras de fer oppose déjà le gouvernement et l'opposition officielle quant à l'organisation des travaux. Les libéraux souhaitent que la commission se tienne dès la semaine prochaine, donc avant l'ouverture de la session parlementaire, le 10 mars. Surtout, ils veulent que les audiences durent une journée, deux jours «au maximum».

Or l'opposition officielle refuse que «la question soit expédiée rapidement», a affirmé à La Presse le critique en matière de finances, François Legault.

Le PQ veut faire comparaître la ministre des Finances, Monique Jérôme-Forget. Pas question, répond le gouvernement. «On s'est enlevé les mains, les politiciens, de la Caisse de dépôt. Alors la ministre des Finances n'est pas dans la gestion de la Caisse. Ceux qui gèrent la Caisse de dépôt, ce sont les gestionnaires, pas les politiciens», a répliqué le député libéral de Montmorency, Raymond Bernier, aussi membre de la commission des finances publiques.

Lors d'une conférence de presse qui s'est tenue en pleine campagne électorale, le président du conseil d'administration de la Caisse, Pierre Brunet, a admis qu'il parle tous les jours à la grande argentière du gouvernement Charest. Il lui remet chaque mois un rapport sur l'état des finances de la Caisse. «On veut savoir à quel moment la ministre a su que la Caisse perdait plus que le reste du marché», a dit M. Legault.