Dans son ancienne vie, Iris Evans était pianiste et infirmière. Maintenant, elle tient les cordons de la bourse en Alberta. Portrait de la Monique Jérôme-Forget de l'Ouest canadien.

La Dame de Fer des finances publiques québécoises, Monique Jérôme-Forget, a une soeur jumelle en Alberta.

Comme la grande argentière du Québec, la ministre des Finances de l'Alberta Iris Evans a l'assurance de sa soixantaine avancée. «J'ai beaucoup d'admiration pour Monique, dit-elle. Je suis flattée qu'on me compare à elle. Mais faisons attention avec cette histoire d'âge, mais nous sommes toutes les deux à l'âge où nous ne préoccupons pas de ce que nous disons. Nous disons simplement ce que nous pensons. La critique ne nous dérange pas.»

 

Outre leur âge - 67 ans pour l'Albertaine, 68 ans pour la Québécoise -, les deux ministres des Finances ont plusieurs points en commun. Avant d'entrer en politique, elles ont fait carrière dans le domaine de la santé, l'une comme psychologue au Québec, l'autre comme infirmière en Alberta. «Je voulais aider les autres, dit Iris Evans. C'est pourquoi j'ai choisi de devenir infirmière, mais j'ai senti que ça ne me comblait pas totalement. À cet égard, la politique semble mieux me convenir.»

Enfant, Iris Evans avait deux passions: le piano - elle a donné des cours au Conservatoire de l'Alberta - et la lecture. «Mon enseignante de 8e année a déjà dit à mon père que je lisais en moyenne 57 livres... par mois!» dit-elle.

Infirmière de carrière, Iris Evans finira par délaisser les hôpitaux afin d'être conseillère municipale puis mairesse de Strathcona, la troisième plus grande ville de la province après Calgary et Edmonton. Après 18 ans en politique municipale, elle a fait le saut au provincial, d'abord comme députée, ensuite comme ministre aux Affaires municipales, à la Santé, à l'Industrie et finalement aux Finances.

Dans son bureau sobrement décoré qui ressemble davantage à celui d'un député d'arrière-ban qu'à la grande argentière de la province la plus riche du pays, seules les photos de ses petits-enfants trahissent son âge. L'an dernier, elle a même été élue la politicienne la mieux habillée en Alberta. «C'était très gentil de la part de mes collègues mais je n'ai pas vraiment pris cet honneur au sérieux», dit-elle.

Alliée de Monique Jérôme-Forget dans le dossier de la commission nationale des valeurs mobilières, Iris Evans prend toutefois ses distances de son homologue québécoise en matière de... sacoche. Au Québec, la ministre des Finances aime répéter qu'elle tient sa sacoche serrée. Iris Evans a beau être aussi rigoureuse en matière de finances publiques, elle ne fait pas allusion à sa sacoche quand elle désigne les coffres de l'État.

«J'essaie de faire attention avec l'image de la sacoche car je ne veux pas que mes collègues pensent que j'essaie de contrôler les finances publiques, dit la ministre Evans. Sinon, ils essaieraient de me montrer la sortie. Et puis l'Alberta a déjà eu deux femmes ministres des Finances avant moi...»