Pour plusieurs, cotiser à son REER fait partie de la routine. Pour d'autres, le seul fait d'entendre quelqu'un prononcer le mot suffit pour provoquer l'angoisse.

Et si on démystifiait le fameux REER?

Avant toute chose, il faut déterminer si investir dans un REER est avantageux d'après sa situation.

«Pour la grande majorité des gens, la réponse est oui», affirme Jean-Rémy Deschênes, responsable des affaires, gestion des avoirs, au Mouvement Desjardins.

«Je ne suis pas en train de dire que quelqu'un qui gagne 15 000$ par année devrait cotiser à son REER, mais il faut comprendre que le REER ne s'adresse pas seulement à des gens qui ont des revenus importants. L'idée, c'est de regarder la situation d'ensemble de la personne et de faire en sorte qu'elle diminue son revenu imposable pour qu'elle paie moins d'impôt et bénéficie le plus possible des différents programmes sociaux», explique-t-il.

Combien peut-on investir?

Le REER permet de laisser une partie de ses revenus à l'abri de l'impôt pour un certain temps, mais il y a une limite à ce que l'on peut y placer.

En fait, on peut investir jusqu'à 18% de son revenu admissible (salaires, pourboires, revenus nets d'entreprises, revenus nets de location) de l'année précédente dans un REER, jusqu'à concurrence de 21 000$ pour 2008 et de 22 000$ pour 2009.

Les travailleurs qui contribuent à leur REER par leur caisse de retraite doivent évidemment en tenir compte.

De plus, depuis 1991, les droits inutilisés de REER s'additionnent d'année en année. Tous ces renseignements apparaissent dans l'avis de cotisation de l'Agence du revenu du Canada.

«C'est très important de se faire conseiller avant de décider d'utiliser ses droits accumulés pour faire en sorte que ce soit le plus rentable possible», précise Jean-Rémy Deschênes.

Quand investir?

Si on a jusqu'à 71 ans pour placer des sous dans son REER, on peut toutefois commencer très jeune à amasser des droits de cotisation.

«Prenons un adolescent de 16 ans qui reçoit 1000$ par année pour garder sa petite soeur. S'il déclare ce revenu, le gouvernement lui permettra de mettre 180$ dans un REER et il pourra ainsi accumuler ses droits au fil des ans», affirme M.Deschênes, persuadé des bienfaits d'une planification financière familiale.

Et quel est le moment de l'année idéal pour investir dans son REER? Le plus tôt sera le mieux, d'après le spécialiste, pour bénéficier de l'intérêt composé. «Plus l'argent est placé longtemps, plus il rapporte, parce qu'on fait de l'intérêt sur l'intérêt.»

On doit effectuer ses cotisations pour une année d'imposition au plus tard dans les 60 premiers jours de l'année suivante. Jusqu'à la fin février donc, pour l'année 2008.

Toutefois, il est possible d'intégrer ses cotisations à son budget tout au cours de l'année en évaluant le montant de son droit de cotisation avec son conseiller. Parce que bien des gens qui attendent à la dernière minute pour cotiser à leur REER n'ont finalement pas en main les fonds souhaités.

Pour eux, il est toutefois possible d'emprunter la somme.

«Cette option peut être intéressante si on prend son économie d'impôt pour rembourser une bonne partie du prêt. Idéalement, il faut aussi être en mesure de payer la différence assez rapidement sans que les paiements soient trop étouffants», affirme M.Deschênes.

Et la crise financière?

Plusieurs peuvent hésiter cette année à investir dans leurs REER en raison de la turbulence des marchés financiers.

Or, d'après le spécialiste, la crise ne devrait pas remettre en cause l'épargne-retraite.

«Il demeure toujours pertinent d'économiser selon ses moyens, dit-il. Prendre sa retraite, acheter une maison, ou retourner aux études sont de gros projets qui se planifient à long terme, alors que les marchés fluctuent constamment.»

Fonds de placement, placements garantis, actions: différentes options peuvent être envisagées pour cotiser à son REER.

«Il faut faire ses choix en respectant son profil d'investisseur et sa tolérance au risque», ajoute M.Deschênes.

Enfin, une nouveauté cette année pourrait rassurer plusieurs épargnants qui vivent des moments difficiles: depuis juillet dernier, en cas de faillite, les REER ne sont pas saisissables, excepté les cotisations des 12 derniers mois.