Pas facile de savoir quoi faire avec ses épargnes en cette période d'instabilité économique. Trois experts vous donnent les règles à suivre quand vient le temps d'investir en ces temps difficiles.

1. Tu ne laisseras pas la crise t'influencer

Il pourrait être tentant de reporter à l'an prochain ses cotisations de retraite. «Or, c'est tout le contraire de ce qu'il faut faire, assure Grégoire Lafrance-Goyer, conseiller financier à la succursale du Plateau de la Banque de Montréal. Il s'agit du meilleur moment pour investir, surtout si on a une bonne tolérance au risque. Les possibilités de croissance sont formidables», dit-il.

2. Tu t'informeras

Avant toute chose, il faut s'informer. «Quand on achète une télé, on pose plein de questions. Paradoxalement, ce n'est pas toujours le cas lorsqu'on épargne. Il faut connaître la nature et l'origine de nos actifs et connaître les risques et avantages de nos placements», dit Richard La Ferrière, chef régional pour le Québec chez TD Waterhouse Planification financière.

3. Tu ne tarderas pas à investir

Vous avez tout avantage à épargner le plus possible, dès que possible. «Un investisseur qui met de côté 5000$ par an pendant 30 ans (soit 150 000$) à un taux de 7% obtiendra en fin de compte 472 000$. Son collègue qui a investi autant et au même taux, mais au rythme de 10 000$ par an pendant 15 ans recevra à peine 270 000$», expose Pierre Payeur, directeur de la gestion de fonds chez Industrielle Alliance Gestion de placements. Commencer tôt, quitte à mettre de côté un montant négligeable, permettra également de développer une bonne discipline d'épargne.

4. Tu respecteras ton profil d'investisseur

Un portefeuille de fonds se construit en fonction de deux facteurs: l'horizon de placement - la période pendant laquelle on investira - et la tolérance au risque. «Tout conseiller financier doit établir avec son client ses attentes et aspirations afin que son argent lui rapporte le plus possible compte tenu de ses objectifs personnels», explique M.La Ferrière.

Il faut revoir ce profil annuellement, rappelle M.Payeur. «Plus on approche de la retraite, plus on devra réduire son profil de risque.»

5. Tu ne mettras pas toutes tes épargnes dans le même panier

Chaque portefeuille devrait contenir des fonds d'actions et des fonds d'obligations, estime Pierre Payeur. La question est de savoir combien. «On doit également diversifier ce qu'on détient comme titres, soutient-il. De nombreux clients ont tendance à investir largement dans les produits canadiens et peu dans les fonds d'action étrangers.» Pourtant, à peine 3% de la capitalisation boursière est canadienne.

Aussi à éviter: tout mettre dans des placements garantis. «Ça peut sembler alléchant, un taux garanti de 4,5%. Mais avec l'inflation, les profits seront plutôt minimes, rappelle M.Lafrance-Goyer. En diversifiant, un client typique obtiendra des profits bien supérieurs.»

6. Tu ne laisseras pas tes émotions te guider

De nombreux épargnants achètent quand l'économie va bien, prennent peur quand la situation se dégrade et se départissent alors de leurs actions. «Ce devrait être tout le contraire», assure Pierre Payeur.

«Il faut connecter l'émotif au rationnel. La préoccupation du client doit être d'atteindre son objectif, et non de gagner le plus d'argent possible. On assure ainsi une certaine stabilité dans le risque», ajoute Richard La Ferrière.

7. Tu résisteras à l'envie de puiser dans ton REER

Il faut faire preuve de prudence lorsqu'on décide de retirer de l'argent de son REER, note M.La Ferrière. «En plus des questions fiscales, il faut se rappeler que le montant que l'on peut mettre dans un REER est limité. Retirer de l'argent de son régime diminue son potentiel de rendement, et, à terme, réduit nos revenus de retraite.»

8. Tu ne penseras jamais qu'il est trop tard

«De nombreux baby-boomers qui voient la retraite approcher se disent «tant pis, je ne cotiserai pas à mes REER». C'est la pire gaffe que l'on puisse faire, assure M.Lafrance-Goyer. Il n'est jamais trop tard.» Bien que les possibilités de croissance soient moindres, il est toujours temps de faire fructifier ses économies.

9. Tu suivras assidûment l'évolution de ton portefeuille

Le portefeuille de tout investisseur évolue de jour en jour. C'est pourquoi il est important de revoir fréquemment ses objectifs et ses placements. «Il faut revoir ses placements et ses objectifs chaque année, dit M.Payeur. On peut ainsi cotiser davantage, ou choisir d'investir de façon plus défensive si on approche la retraite.»

10. Tu épargneras le plus possible pour ta retraite

«L'idéal, c'est de cotiser le montant admissible dès le début de l'année financière, rappelle M.Lafrance-Goyer. Cela permet de faire fructifier notre argent le plus longtemps possible. Au bout de plusieurs années, ça fait une différence.» Impossible? «Souvent, les gens ne cotisent pas à leur REER non pas par manque d'argent, mais bien par manque de planification», estime M.La Ferrière, qui conseille à ses clients d'inclure l'épargne et la cotisation à un REER dans leur budget mensuel.