«Il faut éviter de lire seulement les informations qui confirment nos émotions».

Ce conseil, William-André Nadeau, gestionnaire de portefeuille chez Orientation-Finance à Québec le donne autant à d'autres gestionnaires ou à des conseillers financiers qu'à de simples investisseurs privés.

Citant en entrevue un ouvrage spécialisé en psychologie de l'investissement, il rappelle que la peur de perdre de l'argent est gérée par la même zone du cerveau qui réagit aux dangers de mort.

 

Il faut, dit le spécialiste, «écarter les émotions et trouver une stratégie rationnelle».

La nature humaine veut cependant que les investisseurs cherchent d'abord à confirmer leurs émotions.

Or, l'expérience démontre que les réactions émotives (en situation d'euphorie ou de panique) engendrent les rendements les plus faibles à long terme.

Il faut donc les reléguer à un rôle secondaire dans la prise de décisions financières, insiste le spécialiste.

Elles ont néanmoins à son avis animé une bonne part de la volatilité que les marchés ont subie ces derniers mois.

En effet, dit M. Nadeau, l'indice de volatilité (VIX) des marchés boursiers (dont le niveau «normal» se situe autour de 30 points) a dépassé les 80 points, à la fin de 2008.

Il s'agit d'une pointe extrême comparativement à celle de la période de 2002 quand il avait culminé à un peu plus de 40 points avant de revenir à un niveau très faible pour 2003, 2004 et 2005.

À la mi-janvier, le VIX avait commencé à baisser et il pourrait revenir vers sa position normale, et même en dessous, au cours du deuxième trimestre (avril-juin) de 2009, estime M. Nadeau.

Et une volatilité normale est plus propice à des comportements rationnels des acteurs des marchés financiers.

Mais, prévient le gestionnaire, les marchés «sont encore en zone de grands risques économiques» qui peuvent encore provoquer des chutes abruptes comme on en a connu depuis le début de l'année.

Pour avoir 85% de certitude d'une reprise consistante de l'économie, il faut que les tendances boursières sur des périodes de 50 jours et de 200 jours se croisent, «mais on n'en est pas encore là», dit M. Nadeau.

Il suggère néanmoins de porter davantage d'attention aux indices précurseurs de l'économie qu'aux indicateurs retardataires.

Parmi ces derniers, le taux de chômage prend trois à six mois à réagir à un retournement de l'économie. Parmi les plus prévisionnels, il situe le niveau d'intervention des gouvernements de la planète pour stimuler l'activité économique.

Quand ils le font de façon coordonnée, ils ont une «capacité presque illimitée de trouver des solutions».

Et actuellement, les mesures monétaires (taux d'intérêts directeurs) et budgétaires (baisses d'impôt et dépenses publiques) sont mises à contribution conjointement.

Autre indice précurseur, à considérer: le crédit. À son avis, non seulement le volume mais les conditions d'emprunt indiquent aux Etats-Unis un progrès qui reste plus timide au Canada.

D'autre part, la Chine n'a pas le choix, pour prévenir des troubles sociaux, de stimuler la croissance de son économie. Et, si on la combine avec celle des États-Unis, on obtient le tiers de l'activité économique mondiale.