En une seule journée, hier, plus de 60 000 suppressions d'emplois ont été annoncées par des grandes entreprises américaines!

Après le choc de Microsoft la semaine dernière, la liste noire s'est allongée du fabricant d'équipements lourds Caterpillar, du détaillant Home Depot, du télécommunicateur Sprint Nextel et même du géant pharmaceutique Pfizer, en conséquence de son projet d'achat de son concurrent Wyeth.

 

À n'en pas douter, l'hémorragie d'emplois s'aggrave chez nos voisins américains, avec le troisième mois consécutif d'au moins 500 000 emplois perdus.

Et de ce côté-ci de la frontière, de nombreux intervenants économiques et observateurs appréhendent de plus en plus l'impact de cette déroute du marché du travail aux États-Unis.

Les attentes sont ainsi de plus en plus grandes pour des mesures spéciales d'aide aux nouveaux chômeurs dans le budget fédéral qui sera publié aujourd'hui à Ottawa.

Programmes d'aide

Au cours des derniers jours, et encore hier dans le minidiscours du Trône, le gouvernement Harper a signifié son intention de consacrer au moins 3 milliards à divers programmes liés au marché du travail. «Pour le moment, le Canada et le Québec en particulier sont moins affectés par la récession qu'aux États-Unis. N'empêche, c'est clair que le pire des pertes d'emplois reste à venir dans les prochains mois», avertit Yves St-Maurice, économiste en chef adjoint au Mouvement Desjardins.

Mais jusqu'à quel point?

Le taux de chômage au Québec et en Ontario pourrait grimper d'au moins un point de pourcentage d'ici la fin de juin, jusqu'aux environs de 8,5% dans les deux provinces. En chiffres nets, ça risque de se traduire par la perte additionnelle d'au moins 25 000 emplois au Québec et de 59 000 en Ontario, selon les économistes de Desjardins.

Pour tout le Canada, c'est au moins 100 000 emplois qui pourraient être perdus d'ici la fin de juin. Ces pertes s'ajouteraient aux 34 400 emplois perdus durant le seul mois de décembre dernier, selon les plus récents chiffres de Statistique Canada.

Réponse rapide

Le pronostic du marché du travail pour les prochains mois est à son plus sombre depuis de nombreuses années. Peut-être même depuis la difficile récession de 1991-1993. «Ce n'est pas encore une véritable crise de l'emploi, si l'on considère que le taux de chômage, même rehaussé à plus de 8%, demeure bien inférieur au niveau d'environ 13% d'il y a 15 ans», considère Yves St-Maurice.

«Toutefois, c'est la rapidité de ces pertes d'emplois au cours des prochains mois qui risque de frapper le plus. D'où l'importance que les mesures d'aide dans le budget fédéral soient des plus rapides, afin de minimiser l'impact de la perte de revenus parmi les consommateurs.»

Dans ce contexte, selon M. St-Maurice, le programme d'assurance emploi devrait bénéficier des premières mesures fédérales. C'est d'ailleurs parmi les requêtes du principal regroupement syndicat au pays, le Congrès du travail du Canada (CTC).

Dans une missive prébudgétaire, hier, le président du CTC, Ken Georgetti, a réclamé une bonification immédiate des prestations d'assurance emploi. «Des gouvernements successifs à Ottawa ont accumulé un surplus gigantesque de 54 milliards dans la caisse de l'assurance emploi. C'est le temps de l'utiliser alors que les travailleurs, qui ont contribué à cette caisse, en ont maintenant le plus besoin», selon M. Georgetti.

Assouplissement des normes

Pour l'économiste Yves St-Maurice, une bonification rapide de l'assurance emploi pourra tout autant s'effectuer par un assouplissement de ses normes d'admission.

«Des mesures comme l'abolition temporaire du délai d'admission de deux semaines et la réduction de nombre minimal de semaines travaillées depuis un an auraient un impact immédiat. Elles seraient aussi moins coûteuses à long terme qu'une hausse des prestations, qui pourrait être difficile à rajuster après la récession», a indiqué l'économiste de Desjardins.

Même principe pour les programmes de formation professionnelle, ainsi que les mesures d'aide aux employeurs du secteur privé, selon leur secteur d'activité.

«La plupart des programmes requis existent déjà, notamment pour la formation d'appoint et le transfert des chercheurs d'emploi, selon Yves Saint-Maurice.

«Par conséquent, le plus utile pour l'économie à ce moment-ci, c'est de bonifier et d'accélérer ces programmes existants au lieu d'en créer des nouveaux qui pourraient prendre plusieurs mois sinon quelques années à se mettre en place.»

La réponse au cours des prochaines heures, dans la capitale fédérale...