On dit souvent de Montréal qu'elle est la seule ville au monde où il est possible de construire toutes les composantes d'un avion de A à Z.

Mais si les acteurs de l'industrie aéronautique ne mettent pas rapidement le cap sur les technologies permettant de concevoir l'avion du futur, la métropole risque de se retrouver clouée au sol, selon Mehran Ebrahimi, directeur du groupe d'étude en management des entreprises de l'aéronautique à l'UQAM.

 

L'avion de demain est vert. Et d'ici une dizaine d'années, les principaux aéroports internationaux auront adopté des normes environnementales strictes.

Ainsi, les avions trop polluants et trop bruyants ne pourront plus se poser à l'aéroport d'Heathrow, à Londres, ou encore à celui de Schiphol, à Amsterdam.

C'est là que le bât blesse puisque, selon M.Ebrahimi, l'industrie aéronautique québécoise ne maîtrise pas encore toutes les technologies pour répondre à ces normes.

L'industrie aérospatiale québécoise compte pour près de 70% des dépenses totales en recherche et développement (R&D) effectuées au Canada pour le secteur. Elle occupe également le premier rang de la R&D québécoise au niveau manufacturier.

Mais les entreprises québécoises d'aéronautique, autant les grands donneurs d'ordre que les PME, doivent se surpasser pour garder leur place de choix.

«C'est dans le développement technologique que l'on est concurrentiel», rappelle Suzanne Benoît, la présidente du groupe de réflexion stratégique de la Grappe aérospatiale du Montréal métropolitain, Aéro Montréal

Et pour cela, elles doivent davantage travailler ensemble et considérer les autres comme des partenaires et non plus des concurrents, selon Jacques Saada, de l'Association québécoise de l'aérospatiale (AQA).

«Les PME doivent cesser d'agir en simples sous-traitants et dépendre de clients uniques», ajoute Mehran Ebrahimi, de l'UQAM.

Investir en R

L'industrie doit également investir massivement dans la recherche et le développement et pour cela, les gouvernements doivent les aider.

Comme le rappelle le directeur principal au développement des affaires chez Bell Helicopter, Michel Legault, «un dollar investi dans l'industrie génère beaucoup d'argent pour l'économie du pays».

Cela signifie investir dans la formation du personnel scientifique afin d'être en mesure de procurer à l'industrie le nombre de cerveaux nécessaires aux avancements technologiques.

«On a les cerveaux nécessaires pour le développement du secteur», dit Suzanne Benoît, d'Aéro Montréal. D'autres sont moins optimistes quant à la capacité des universités de former suffisamment d'ingénieurs et remplacer les départs à la retraite.

Mais ce n'est pas tout de concevoir l'avion de demain. Il faut également que ce dernier puisse être produit à petit prix afin de concurrencer les nouveaux joueurs de l'industrie qui sont de plus en plus nombreux.

Le développement de technologies permettant de réduire les coûts de production représente pour les entreprises d'ici un autre défi technologique considérable.

Le directeur Programmes de technologie Pratt&Whitney Canada, Hany Moustapha, est quant à lui optimiste face à ces nombreux défis.

Il estime que le secteur s'est doté d'outils d'avant-garde comme le Consortium de recherche et d'innovation en aérospatiale au Québec (CRIAQ) pour stimuler la recherche et le développement technologique.

L'industrie québécoise d'aéronautique doit donc mettre le turbo pour garder sa place dans le ciel de l'innovation.

Et les acteurs de l'industrie travaillent sans relâche pour développer un modèle qui leur permettra de voler plus haut et plus rapidement que leurs concurrents.