Impossible de discuter aérospatiale en Chine sans parler des AVIC, des pieuvres immenses dont les tentacules se déploient dans les moindres recoins de l'industrie et au-delà.

Les origines des AVIC, pour Aviation Industries of China, remontent à 1950. C'est à ce moment que la jeune Chine communiste crée le Bureau de l'industrie de l'aviation.

Il portera une série de noms comme le 3e ministère de l'Industrie de la machinerie avant de se réincarner en AVIC, une société d'État monstre qui employait plus d'un demi-million de salariés au milieu des années 90.

En 1999, AVIC se scinde en deux entreprises. AVIC I s'occupera d'avions militaires, de systèmes d'armements, de moteurs et d'avions commerciaux. AVIC II s'intéressera aux hélicoptères militaires et civils, aux moteurs et aux plus petits avions civils.

Mais les deux entreprises font bien d'autres choses, à la chinoise. AVIC I fabrique des motocyclettes et des compresseurs pour climatiseurs. Elle compte même lancer sa propre compagnie aérienne; quoi de plus simple pour trouver un acheteur pour ses avions!

De son côté, AVIC II est un constructeur bien connu de voitures et de minifourgonnettes, avec une dizaine de marques différentes.

Même après leur cure minceur, les AVIC restent des géants. Avec un actif de plus de 20 milliards US, AVIC I compte 47 entreprises, 31 centres de recherche et 22 instituts spécialisés. Les entreprises du conglomérat emploient 230 000 salariés.

Si AVIC I se lance dans le développement d'avions civils, comme l'avion turbopropulsé MA60 et le jet régional ARJ 21 (pour Advanced Regional Jet for the 21st Century), le partenaire de Bombardier reste d'abord un constructeur militaire.

Il a déjà fabriqué 15 000 avions, 50 000 moteurs et plus de 10 000 missiles pour l'Armée de libération du peuple. Et il fournit toujours 90% des systèmes d'armement de l'armée.

À l'exception de Shanghai, les grands centres en aérospatiale d'AVIC I sont d'ailleurs situés à l'intérieur des terres, là où ils ne pourraient être attaqués par la mer, soit à Chengdu, à Shenyang et à Xi'an.

AVIC I se restructure toutefois pour que ses entreprises aient des missions mieux définies et soient plus concurrentielles à l'international. Le conglomérat chinois essaie ainsi d'isoler et de regrouper ses activités manufacturières civiles. Mais cela ne simplifie en rien son organigramme.

Shenyang, Chengdu et Xi'an ont chacune créé il y a un mois une entreprise civile. Ainsi, Bombardier traite maintenant avec AVIC I Shenyang Civil Aircraft Co., filiale à 45% de Xi'an Aircraft International, filiale à 55% du Xi'an Aircraft Industry Group, filiale à part entière de AVIC I. Ouf.

Ce n'est pas plus simple du côté de AVIC II, qui compte 81 entreprises, centres de recherche et instituts. Bell Helicopter Textron traite avec Hafei Aviation, filiale à 56% de Hafei Industry Company, filiale de AviChina, une société cotée à Hong-Kong dont AVIC II est un actionnaire de contrôle.

Bref, les AVIC ont les bras très longs.