Le volcan de Yellowstone, dans le parc national américain, devrait rester endormi encore un certain temps et les experts qui comprennent de mieux en mieux cette caldeira géante ne prévoient pas d'éruption importante avant plusieurs milliers d'années.

Des rumeurs ont circulé sur internet ces dernières semaines selon lesquelles des signes inquiétants pourraient signaler un réveil explosif de ce volcan dont la précédente éruption cataclysmique remonte à 640 000 ans. Le continent américain avait alors été recouvert de plusieurs centimètres de cendre et le climat terrestre avait été affecté durablement.

Une vidéo montrant un troupeau de bisons fuyant le parc a été largement diffusée sur internet et, quelques jours après, un tremblement de terre d'une magnitude (4,8) plus vue depuis une trentaine d'années avaient alimenté les rumeurs de l'imminence d'une gigantesque éruption.

Mais il n'y a en fait rien d'anormal dans ce comportement animal, assure Al Nash, le porte-parole du parc de Yellowstone: «Les bisons, les élans et d'autres animaux ont récemment quitté le parc comme ils le font tous les ans à cette période, pour aller chercher de la nourriture à de plus basses altitudes», a-t-il expliqué.

Quant à la secousse sismique, «elle n'est pas de grande puissance, aucun dégât n'a été constaté», souligne Peter Cervelli, directeur scientifique adjoint au centre de volcanologie de l'Institut de géophysique américain (U.S. Geological Survey). «On enregistre de 1000 à 3000 tremblements de terre par an à Yellowstone, une zone géologiquement active», rappelle-t-il.

«Yellowstone, comme tous les systèmes actifs de caldeira (un cratère volcanique géant qui peut mesurer plusieurs kilomètres de diamètre, ndlr), respire: le sol enfle et désenfle» de plusieurs centimètres, explique-t-il à l'AFP.

À Yellowstone, l'épaisseur de la croûte terrestre n'est que de sept à dix kilomètres, contre généralement 30 km en moyenne. Ainsi les pressions exercées par la chambre magmatique sont plus fortes.

«Après une période de trois ans durant laquelle le sol a désenflé, nous constatons depuis les six derniers mois un gonflement, ce qui pourrait peut-être expliquer la dernière secousse sismique plus forte», selon ce volcanologue.

Mais «rien d'inquiétant», assure-t-il, repoussant les rumeurs alarmistes.

Un des plus grands super-volcans 

«Sur la base de ce que je peux observer je ne vois aucune éruption majeure à Yellowstone avant au moins plusieurs dizaines de milliers d'années», tranche-t-il, sans toutefois écarter une surprise.

«Nous sommes toujours préparés à une surprise et nous ne prétendons pas comprendre tout parfaitement, mais nous avons une solide connaissance de l'histoire de ce volcan», assure le scientifique. Celui-ci souligne que tout un réseau d'instruments, dont des dizaines de sismographes et des récepteurs GPS, scrute en permanence les mouvements du volcan dont la gigantesque chambre magmatique mesure 88 km de long sur 29 km de large et 15 km de profondeur.

Une douzaine de scientifiques veillent en quasi permanence sur Yellowstone, indique Peter Cervelli.

Ilya Bindeman, géologue à l'Université d'Oregon (nord-ouest), recourt quant à lui à l'analyse isotopique des minéraux dans les roches volcaniques pour déterminer l'évolution de l'activité des volcans.

«Nous savons ainsi comment Yellowtone, parmi les plus grands super-volcans de la planète, s'est comporté au cours de son histoire qui remonte à 16 millions d'années, et savons à quel stade il se trouve aujourd'hui», explique-t-il à l'AFP.

«Et nous pensons que le volcan a éjecté suffisamment de matériaux lors de trois éruptions majeures depuis deux millions d'années pour que le potentiel de fusion de la croûte s'épuise», précise le géologue.

Ainsi, «l'analyse des comportements de la caldeira pendant ces deux précédents cycles suggère que Yellowstone est actuellement dans un cycle d'endormissement», conclut-il.

De ce fait, «la prochaine éruption ne se produira pas avant au moins un à deux millions d'années», selon ce scientifique.

Une telle éruption, «du jamais vu durant la civilisation humaine», anéantirait tout sur un rayon de plusieurs centaines de kilomètres et recouvrirait de cendre l'Amérique du Nord, mettant fin à l'agriculture et refroidissant le climat terrestre pour au moins dix ans, estime-t-il.

La dernière éruption de ce type s'est produite en Indonésie à Toba il y a 70 000 ans.