Une variété de chauves-souris frugivores qu'on trouve dans la plupart des pays d'Afrique sub-saharienne est porteuse de deux virus potentiellement dangereux qui pourraient un jour se transmettre à l'homme, selon une étude publiée mardi.

Les chauves-souris constituent un réservoir naturel pour un grand nombre de virus dont celui de la rage, ceux des fièvres hémorragiques Ebola et Marbourg et le virus Hendra qui peut provoquer un syndrome respiratoire et neurologique mortel.

Elles seraient également la source du mystérieux coronavirus du syndrome respiratoire du Moyen-Orient (MERS) apparu en Arabie saoudite en 2012 et qui se transmet jusqu'à présent difficilement entre humains.

Dans l'étude qu'ils ont publiée dans la revue scientifique Nature Communications, des chercheurs britanniques ont étudié des chauves-souris Eidolon helvum (ou Roussette paillée africaine) présentes dans une grande partie de l'Afrique, du Sénégal à l'ouest de la Tanzanie en passant par l'Afrique du sud.

Sur quelque 2000 chauves-souris génétiquement similaires observées dans 12 pays au total, les chercheurs ont découvert la présence du virus de la chauve-souris de Lagos, proche de celui de la rage, dans 34% d'entre elles, et celle de l'hénipavirus, un virus cousin de celui de Hendra, dans 42% d'entre elles.

Les chauves-souris étudiées se déplacent en masse sur une vaste zone, avec des migrations pouvant atteindre 2500 km en cinq mois et des populations pouvant avoisiner le million d'individus en un endroit donné.

Pour des raisons inconnues, ces virus ne provoquent généralement pas de maladies chez la chauve-souris. Pour l'instant, ils n'ont encore jamais été retrouvés sur des êtres humains, mais seulement sur des porcs.

Mais comme les chauves-souris frugivores qui transportent ces virus sont très nombreuses en Afrique et qu'elle vivent à proximité des populations humaines, les chercheurs redoutent un risque de transmission à l'homme qui pourrait avoir des «implications potentiellement importantes en termes de santé publique».

Pour Alison Peel, le chercheur de l'Université de Cambridge qui a dirigé l'étude, le meilleur moyen de se prémunir contre l'infection est d'éviter tout contact avec les chauves-souris.