(Montréal) L’Hôpital de Montréal pour enfants pourrait bientôt devenir l’un des premiers de la planète, sinon le premier, à surveiller les signes vitaux de ses petits patients sans fil, ce qui augmenterait leur qualité de vie et simplifierait la tâche des professionnels de la santé.

Un bébé prématuré hospitalisé aux soins intensifs, par exemple, est présentement rattaché à des moniteurs qui témoignent de son rythme cardiaque, de la température de sa peau et du taux d’oxygène dans son sang. Un autre capteur lancera l’alarme en cas d’apnée du sommeil.

Le but du projet est de profiter des avancées technologiques pour faire disparaître tous ces fils sans pour autant compromettre la qualité des soins offerts.

« C’est un projet auquel nous réfléchissons depuis quelques années, a expliqué l’un des responsables du projet, le docteur Guilherme Sant’Anna. On essaie essentiellement d’innover en développant une nouvelle technologie qui peut capter les signes importants du patient et les acheminer aux moniteurs sans fil.

« On utiliserait ensuite l’intelligence artificielle ou l’apprentissage machine pour stocker et analyser ces signaux. »

Le projet, qui s’étirera sur cinq ou six ans, n’en est encore qu’à ses premiers balbutiements. Il bénéficie d’un soutien de la Fondation de l’Hôpital de Montréal pour enfants, à hauteur de 6 millions.

Multiples avantages

Les premiers patients qui pourraient en tirer des bénéfices sont ceux qu’on considère souvent comme étant les plus malades et les plus fragiles de l’hôpital, a dit le docteur Sant’Anna.

« Les patients aux soins intensifs en néonatalogie sont les plus complexes et les plus critiques, a-t-il dit. Une fois que ça fonctionnera avec ces bébés, ce sera facile d’aller plus loin ».

L’absence de fils, par exemple, pourrait permettre aux parents de ces bébés de les coller plus facilement contre eux pour leur offrir ce contact humain dont ils ont tant besoin.

Les patients plus âgés pourraient éventuellement profiter d’une beaucoup plus grande mobilité, que ce soit pour se rendre ailleurs dans l’hôpital ou carrément pour rentrer à la maison pendant que l’on continue à veiller sur leur santé à distance.

Pour le personnel de la santé, l’implantation d’un tel « hôpital intelligent » faciliterait l’accès aux patients quand vient le temps de prodiguer des soins. Les signes vitaux seraient aussi enregistrés automatiquement, libérant les infirmières qui les consignent autrement par écrit.

« Les fils nécessitent aussi de l’entretien pour éviter les infections, il faut que ce soit nettoyé, a rappelé le docteur Sant’Anna. C’est beaucoup plus encombrant d’avoir tout ça autour du patient. »

L’intelligence artificielle pourrait enfin épauler les médecins dans la prise de décisions cliniques et même mettre en garde contre d’éventuels effets secondaires indésirables.

Progrès technologiques

Quand on sait qu’un système qui ne fait que surveiller le rythme cardiaque — et rien d’autre — des bébés aux soins intensifs peut coûter au moins 1 million, l’intérêt à développer un système plus polyvalent (et qui pourrait éventuellement être vendu à d’autres hôpitaux) devient rapidement évident.

Le docteur Sant’Anna et ses collègues réfléchissent à ce projet depuis une quinzaine d’années.

« Dans notre vie quotidienne, la technologie ne cesse de s’améliorer, ça va tellement vite, qu’on s’est dit qu’on avait besoin de quelque chose de mieux pour nos patients, a-t-il expliqué. La manière dont nous surveillons nos patients est encore très simple comparativement aux autres technologies. »

Cela étant dit, la tâche de travail qui les attend est colossale puisqu’il semblerait que rien de tel n’ait jamais été fait ailleurs dans le monde et qu’ils partent donc essentiellement de rien.

L’Hôpital de Montréal pour enfants pourrait donc être le premier à tenter de déterminer si les technologies actuellement disponibles sur le marché peuvent être regroupées et mises à contribution pour améliorer les soins des patients.

« Plusieurs compagnies développent des systèmes à travers le monde, a expliqué le docteur Sant’Anna. Mais il faut voir, quand on les met tous ensemble, s’ils fonctionnent aussi bien ou mieux que ce que nous avons déjà. Il faut comparer la technologie actuelle avec la nouvelle technologie. Ça nous donnera confiance que ça fonctionne et on pourra donner plus d’ampleur au projet. »

Si tout va bien, les premières applications pratiques du projet pourraient survenir dans six mois.