Une expérience visant à réduire la prescription d'antipsychotiques aux personnes âgées hébergées dans des CHSLD du Québec s'est révélée un succès, leur éveil et leur qualité de vie ayant été améliorés.

Les antipsychotiques sont généralement prescrits pour des symptômes de psychose, de schizophrénie ou d'agressivité.

En fait, la démarche auprès de 220 résidants dans 24 unités de Centres d'hébergement et de soins de longue durée (CHSLD) a été si intéressante qu'elle sera étendue à 331 unités dans 134 CHSLD, de mars à décembre prochains.

La ministre responsable des Aînés et des Proches aidants, Marguerite Blais, en a fait l'annonce, vendredi à Sherbrooke, aux côtés des chercheurs, de partenaires et de représentants d'établissements.

Ainsi, on a pu réduire ou cesser la dose d'antipsychotiques chez 86% des résidants. Dans 53% des cas, il y a eu cessation, dans 33% diminution des doses, dans 5% aucun changement et dans 4% augmentation des doses.

Effets positifs

Et cela n'a pas entraîné d'augmentation de troubles du comportement, des hallucinations ou des idées délirantes chez la majorité des résidants, note-t-on dans l'étude.

De même, cela a eu un effet sur la prescription d'autres médicaments, puisque l'usage de benzodiazépines (Ativan, par exemple) a aussi pu être cessé dans 19% des cas, a souligné en entrevue Benoît Cossette, chercheur au Centre de recherche sur le vieillissement de l'Estrie. «C'est un résultat inattendu mais tout à fait positif.»

La ministre Blais a relaté que le personnel traitant et les proches des personnes hébergées avaient aussi rapporté des effets positifs. «Ça fait en sorte que les gens sont beaucoup plus éveillés, donc qu'il y a moins de somnolence ; on réduit les chutes ; on réduit les AVC. Et comme les gens sont plus éveillés, ils peuvent communiquer avec les membres de leur famille. Et les proches aidants sont contents aussi», s'est réjouie la ministre.

La ministre Blais et M. Cossette notent que l'étude a aussi démontré qu'il faudra, en revanche, recourir à d'autres thérapies que pharmacologiques pour ces patients, comme la musicothérapie, la zoothérapie, l'écoute active.

«Ça demande de bien encadrer ces résidants qui sont un peu plus actifs, d'où l'importance de la mise en place de mesures non pharmacologiques», a relevé M. Cossette.

«La diminution des médicaments va favoriser le développement d'activités comme la musicothérapie, raconter des histoires, la zoothérapie, plein d'activités de cette nature-là. Et il y a des éducateurs spécialisés qui vont en CHSLD et qui font en sorte d'occuper les personnes, les résidants», a indiqué la ministre Blais.