L'hôpital Maisonneuve-Rosemont changera d'apparence au cours des prochains jours.

Des analyses des façades de l'immense pavillon Maisonneuve ayant révélé d'importantes faiblesses attribuables à l'âge avancé du bâtiment, des clôtures métalliques seront installées dès jeudi pour littéralement envelopper l'édifice de 12 étages et empêcher que des briques ou des morceaux de béton se détachent et tombent jusqu'au sol.

Le ministre de la Santé Gaétan Barrette a annoncé le 2 mars dernier un investissement monstre de 1,8 milliard pour rénover Maisonneuve-Rosemont, l'un des plus gros hôpitaux du Québec, mais également l'un des plus mal en point. Les problèmes de chaleur et d'humidité à l'intérieur du bâtiment ont été souvent décriés. L'hôpital avait aussi fait l'objet en 2017 d'un rapport dévastateur du Protecteur du citoyen.

Au total, travaux pourraient durer jusqu'à une décennie - le bâtiment principal, caractéristique par sa forme en croix, sera vraisemblablement démoli.

Selon Yvan Gendron, président-directeur-général du CIUSSS de l'Est-de-l'île-de-Montréal, dont fait partie l'hôpital, les problèmes de façade étaient connus au moment de l'annonce de cet hiver. Cette information a été confirmée par Québec.

C'est toutefois des analyses faites au cours des dernières semaines qui ont accéléré la décision de la direction. D'immenses fissures sur toute la hauteur du bâtiment ont été observées, si bien qu'il a été jugé nécessaire de prendre des mesures de mitigation le plus rapidement possible. La structure du bâtiment est quant à elle décrite comme sécuritaire.

Les employés du CIUSSS ont donc reçu mardi un message les avisant des travaux qui s'amorceront aujourd'hui et qui dureront au moins huit semaines.

«En aucun temps, il n'y aura réduction, d'annulation ou de déplacement des services, a assuré M. Gendron. Et il n'y aura aucun danger pour le personnel et les patients qui voudront entrer et sortir de l'hôpital.» Le PDG du CIUSSS a aussi déclaré qu'il n'y a pas davantage de risque de chute de matériaux sur des passants.

1 million au lieu de 48

L'installation de ces clôtures métalliques coûtera environ 1 million de dollars. Cette mesure de mitigation a été préférée à l'idée de remplacer toutes les briques de l'hôpital, une opération dont la facture se serait élevée à quelque 48 millions et qui aurait été à recommencer si la bâtisse est démolie comme prévu.

«On a donc opté pour l'option préventive, d'autant plus que les grillages sont bons pour plus une dizaine d'années et plus», a ajouté M. Gendron.

«L'enjeu des infrastructures est un des plus grands enjeux, sinon le plus grand enjeu dans notre réseau», nous a pour sa part écrit Catherine Audet, au nom du ministre Barrette, dans un message texte hier.

Des clôtures du genre sont déjà visibles depuis quelques mois sur le pavillon Rachel-Tourigny de l'hôpital. Les employés de ce pavillon, qui ne reçoit pas de patients, ont toutefois déploré de fortes vibrations pendant l'installation du grillage, et se sont plaints par la suite que l'enveloppe métallique du bâtiment nuisait à la réception des ondes cellulaires.

On promet cette fois une installation qui émettra «peu de bruit et des vibrations à peu près nulles», grâce notamment à un système de perçage hydraulique. L'acquisition d'antennes cellulaires d'appoint est également considérée dans ce vieil édifice où la réception est déjà réputée mauvaise.

Le Syndicat des travailleuses et travailleurs du CIUSSS (CSN) a pour sa part indiqué s'être plaint au cours des derniers mois de l'état de décrépitude de la façade. La nouvelle de l'installation des clôtures a donc été accueillie positivement.

On espère toutefois, du côté du syndicat, que les rénovations majeures prévues au cours des prochaines années ne seront pas retardées advenant un changement de gouvernement le 1er octobre prochain.

À ce sujet, le PDG du CIUSSS a tenu à se faire rassurant. «Le projet est déjà approvisionné au Conseil du trésor, on ne peut plus reculer», a lancé Yvan Gendron, qui a toutefois précisé que des ajustements pourraient être apportés en cours de route.

«On a déjà reçu 26 millions pour l'analyse, la planification, l'élaboration des plans, etc. Le projet est déjà en marche, et on veut maintenant avancer le plus rapidement possible.»

La reconstruction de l'hôpital Maisonneuve-Rosemont est censée durer de 7 à 10 ans. Les travaux pourraient donc se terminer entre 2025 et 2028. La CAQ a par ailleurs confirmé hier soir que le projet irait de l'avant comme prévu si le parti est élu au terme de la campagne. 

Critiques virulentes

Cette annonce de travaux d'urgence arrivant en pleine campagne électoraux, les adversaires des libéraux n'ont pas raté de critiquer la gestion du dossier par le gouvernement Couillard.

«C'est comme pour les écoles : on en voit, des filets métalliques comme ça», a lancé Carole Poirier, député péquiste sortante dans Hochelaga-Maisonneuve. Pour Vincent Marissal, candidat de Québec solidaire dans Rosemont, l'hôpital Maisonneuve-Rosemont est à la santé ce que le pont Champlain est aux transports.

«Sur la forme, c'est assez honteux qu'on doive littéralement mettre de la broche sur nos hôpitaux pour ne pas que les murs tombent sur le monde, a ajouté M. Marissal. Et sur le fond, on peut se demander ce qu'on a bien pu faire de mal, dans l'est de Montréal, pour être aussi maltraités par le gouvernement.»

Sonya Cormier, candidate de la CAQ dans Rosemont, a quant à elle déploré «l'improvisation» dont fait preuve le gouvernement.

«Le Ministère sait très bien, depuis longtemps, que l'hôpital est vétuste, a dit Mme Cormier. Annoncer un budget supplémentaire de 1 million pour assurer la sécurité des gens, ce n'est pas une façon de planifier la gestion d'un chantier.»

Carole Poirier a pour sa part rappelé que c'est le gouvernement péquiste, pendant son court mandat de 2012 à 2014, avait lancé le projet d'agrandissement des urgences de Maisonneuve-Rosemont. Elle se demande donc pourquoi les libéraux n'ont pas pris la balle au bond dès leur arrivée au pouvoir pour enchaîner avec la rénovation complète de l'hôpital.

Ce faisant, a-t-elle conclu, «il n'y aurait pas eu de briques qui seraient tombées».