L'exercice physique améliore la santé mentale de manière importante, selon une nouvelle étude. Mais, ceux qui s'exercent trop fréquemment, ou trop longtemps, ont une moins bonne santé mentale. Nos explications.

Le contexte

« L'impact positif de l'exercice physique sur la santé est bien établi, mais il reste de l'incertitude sur la santé mentale, explique l'auteur principal de l'étude publiée dans la revue Lancet, Sammi Chekroud, de l'Université d'Oxford en Grande-Bretagne. L'un des problèmes est qu'il est difficile d'avoir une mesure des troubles psychologiques assez simple pour l'appliquer à un échantillon de centaines de milliers de personnes. Des études ont montré que l'exercice physique diminue l'inflammation dans le corps et que l'inflammation nuit à la bonne santé mentale. Mais il fallait montrer un effet sur le plan épidémiologique. »

La genèse

Les chercheurs britanniques et américains ont disséqué une base de données américaine comptant 1,2 million de personnes interviewées en 2011, 2013 et 2015. Cette base de données posait la question : « Durant le dernier mois, combien de jours avez-vous eu une mauvaise santé mentale, par exemple du stress, de la dépression et des problèmes émotifs ? » « Personne n'avait analysé les liens entre cette question et les différents types, intensités et fréquences d'exercices physiques jusqu'à maintenant, dit M. Chekroud. C'est une quantité énorme de données, deux gigaoctets. Alors il fallait beaucoup de capacité de calcul informatique. »

Ce que révèle l'étude

En moyenne, les cobayes avaient 3,4 jours de mauvaise santé mentale par mois. Ceux qui faisaient de l'exercice en avaient 1,9 par mois, une diminution de 43 %, qui est deux fois plus grande que l'effet de l'éducation universitaire ou d'un revenu plus élevé que la moyenne. « C'est énorme, dit le neuropsychologue. Nous avons aussi vu que les diminutions les plus importantes étaient avec les sports d'équipe et les sports cardiovasculaires comme l'aérobie ou le vélo. Cela dit, même si on ne fait que marcher ou faire le ménage, on a quand même un bénéfice. » La durée idéale des séances d'exercices physiques était de 30 à 60 minutes et les séances de plus de 90 minutes étaient associées à une moins bonne santé mentale.

Et maintenant ?

La prochaine étape est une meilleure compréhension des conséquences négatives d'un entraînement trop intensif ou fréquent. « Il se peut que ce soit simplement une surreprésentation des gens ayant déjà des problèmes de santé mentale chez les grands sportifs, dit M. Chekroud. Ils pourraient tenter de régler leurs problèmes de cette manière. Ou alors, peut-être qu'il y a des effets biologiques. Il faut aussi trouver une manière de différencier entre les effets de l'exercice comme tel et les effets de faire une activité de groupe. Quand on fait de l'aérobie, souvent on suit une classe, et les gens qui font du vélo en font souvent en groupe. » L'interaction entre antidépresseurs et exercice physique est aussi au menu du chercheur.