Le gouvernement du Québec débloque des fonds supplémentaires pour prévenir les surdoses d'opioïdes et aussi combattre diverses formes de dépendances, dont celles aux jeux de hasard et à l'utilisation excessive d'internet.

Au total, il s'agit d'investissements additionnels de 35 millions de dollars annuellement, indique le gouvernement, pour au moins trois ans.

Les deux initiatives - celle sur la prévention des surdoses et celle, plus générale, sur la lutte aux dépendances - ont été annoncées mercredi à Montréal par le ministre de la Santé Gaétan Barrette et la ministre déléguée à la santé publique Lucie Charlebois.

Quatorze ministères ont été impliqués dans la conception du plan d'action. « Ce n'est pas juste au monde de la santé de s'occuper des dépendances », a soutenu Mme Charlebois, en point de presse.

Elle a souligné que l'annonce est faite notamment dans le contexte de la légalisation prochaine du cannabis par le gouvernement fédéral.

Sur les 35 millions $ annuels, 23 millions $ seront consacrés plus spécifiquement aux opioïdes - ce qui inclut autant les médicaments sur ordonnance qui servent à traiter la douleur (oxycodone, morphine) que les drogues de rue (héroïne, fentanyl de synthèse). Cette somme de 23 millions $ est pour une période de trois ans.

De nombreuses mesures ont été annoncées, dont la collecte de données - afin de bien cibler l'aide à apporter - la formation de professionnels pour prévenir et traiter les dépendances ainsi que la sensibilisation. Concrètement, sur le terrain, le ministère de la Santé a notamment confirmé que des organismes communautaires pourront distribuer à ceux qui en ont besoin de la naloxone, qui sert d'antidote aux opioïdes.

M. Barrette ne sait pas quand cette dernière initiative sera opérationnelle partout au Québec. « Le plus vite possible », a-t-il exprimé, indiquant qu'il revient aux Centres intégrés de santé et de services sociaux (CISS) et aux Centres intégrés universitaires de santé et de services sociaux (CIUSS) de désigner les organismes qui pourront offrir le service, et rejoindre ceux qui évitent les hôpitaux et pharmacies, mais qui en ont fort besoin.

À Montréal, le service fonctionne déjà. Quinze organismes ont distribué, depuis le mois de juin, plus de 120 trousses de naloxone, a indiqué la Dre Carole Morissette, chef médicale à la Direction régionale de santé publique de Montréal. Le service est offert de façon anonyme, précise-t-elle, et le nombre distribué montre qu'il y avait un réel besoin.

M. Barrette insiste sur le fait qu'on ne parle pas actuellement de crise d'opioïdes au Québec, contrairement aux autres provinces. « Une crise est quelque chose qui est hors de contrôle et qui prend de l'ampleur », dit-il, ce qui n'est pas le cas.

Il souligne que le Québec figure au dernier rang des 12 provinces et territoires, avec un taux de 2,2 décès par 100 000 habitants. À titre de comparaison, le taux atteint 29 décès par 100 000 habitants en Colombie-Britannique.

La situation est toutefois préoccupante, juge le ministre, qui estime qu'il faut que la province s'outille dès maintenant. Le rapport de son ministère indique d'ailleurs que les décès sont en hausse.

Il y a eu 208 décès liés aux surdoses d'opioïdes en 2016 et 181 en 2017. Le ministre ne pouvait toutefois dire s'ils ont été causés par des médicaments sous ordonnance ou par des drogues vendues dans la rue. Il indique que la collecte de données prévue à son plan d'action va corriger cette lacune.

Selon M. Barrette, il y a moins de surdoses au Québec, car les médecins de la province sont ceux au pays qui prescrivent le moins d'opioïdes. Et quand c'est le cas, les doses sont plus faibles et l'ordonnance couvre une moins longue période, a-t-il soutenu.