On ne s'improvise pas psychologue, et ceux qui diagnostiquent des troubles mentaux sans être titulaires du permis requis pour le faire doivent en payer le prix. C'est le message qu'a envoyé hier la juge Annie Claude Chassé en déclarant Cyrous Amin coupable de pratique illégale.

M. Amin se présentait comme psychologue dans son CV et était allé jusqu'à témoigner en cour à titre d'expert au sujet de la santé mentale d'un détenu. Il a été reconnu coupable des deux chefs d'accusation qui pesaient sur lui. Le premier est d'avoir effectué une évaluation des troubles mentaux sans y être autorisé. Le second est d'avoir agi de manière à donner lieu de croire qu'il était autorisé à exercer une activité réservée aux membres de l'Ordre des psychologues du Québec.

« Les témoignages sont sans équivoque et non contredits par la défense », a dit la juge. M. Amin a brillé par son absence à son propre procès, et son avocat n'a présenté aucune défense.

« On est très satisfaits du jugement. On espère que ça va décourager les cas semblables », a commenté l'avocat de l'Ordre des psychologues du Québec, Me Louis Gélinas. Ce dernier a souligné que l'Ordre des psychologues ne montre pas les dents au moindre signe de pratique illégale, préférant d'abord aviser les contrevenants que le Code des professions a été modifié en 2012 pour restreindre certaines activités.

« Dans la majorité des cas, les gens se conforment [aux dispositions du Code], dit Me Gélinas. L'Ordre des psychologues ne vient pas devant les tribunaux par plaisir, mais seulement quand les gens refusent de se conformer à la loi. C'était le cas de M. Amin, qui a reçu plusieurs avis. »

L'Ordre des psychologues a fait savoir qu'il réclamerait une peine de 6500 $ plus les frais, pour un total de 8139 $. Le tribunal statuera sur la peine en septembre.

Six diagnostics

L'Ordre des psychologues du Québec affirme que Cyrous Amin avait déjà fait l'objet de trois signalements pour pratique illégale avant son procès. L'organisation lui avait même tendu un piège, se faisant passer pour une mère qui se battait pour la garde de ses enfants et réclamait une évaluation psychologique. M. Amin, selon l'Ordre, avait accepté ce mandat même s'il n'a jamais été membre de l'Ordre des psychologues du Québec.

Mais c'est l'intervention de M. Amin auprès d'un détenu qui a poussé l'Ordre à le poursuivre. L'homme a rencontré un détenu à plusieurs reprises au Centre de détention Rivière-des-Prairies. Au moment où l'on déterminait la peine du jeune homme, Cyrous Amin s'est présenté en cour pour dresser son portrait psychologique, déposant à cette occasion un rapport sur sa santé mentale. La juge Annie Claude Chassé a accepté la thèse de la poursuite selon laquelle M. Amin avait posé pas moins de six diagnostics dans ce rapport alors qu'il n'y était pas autorisé.