Une médecin vient de se faire taper sur les doigts par son ordre professionnel pour avoir accepté des ristournes de deux cliniques de soins esthétiques, ce qui contrevient au Code de déontologie des médecins. Pour sa défense, cette médecin de famille a clamé qu'elle n'avait pas compris la définition du mot « ristourne ».

En plus de travailler comme médecin aux urgences de l'hôpital de Val-d'Or, la Dre Andrea Coderre-Porras - qui pratique depuis 2013 - a décidé de s'associer à deux cliniques de soins médico-esthétiques.

Le conseil de discipline du Collège des médecins reproche à la Dre Coderre-Porras d'avoir touché une rémunération équivalant à 10 % du coût de certains produits esthétiques vendus dans ces cliniques. La médecin a également reçu une somme forfaitaire de 12 $ pour chaque patiente recevant des injections pour un traitement de varices à des fins esthétiques réalisées par... des infirmières placées sous sa supervision.

La Dre Coderre-Porras - qui a récemment plaidé coupable aux huit chefs contenus à la plainte disciplinaire - est radiée pour trois mois en plus d'être condamnée à payer une amende de 15 000 $. Cette somme est l'équivalent de celle qu'elle a reçue des deux cliniques durant la période visée par la plainte (mai 2016 à mars 2017).

Le Conseil a souligné « l'insouciance » de la médecin et « un manque de jugement que son âge ou sa brève expérience professionnelle ne peuvent totalement excuser ».

INCOMPRÉHENSION

La Dre Coderre-Porras a admis devant le conseil de discipline du Collège des médecins qu'elle n'avait pas compris la signification du terme « ristourne » inscrit dans le Code de déontologie des médecins et, surtout, que ses dispositions interdisaient au médecin un mode de rémunération à pourcentage ou à taux fixe.

La médecin pensait « qu'une ristourne impliquait la réception d'une somme d'argent sans contrepartie », peut-on lire dans la décision du conseil de discipline rendue publique, hier.

Considérant qu'elle fournissait de la formation, de l'encadrement et de la supervision aux infirmières des cliniques de soins esthétiques, la médecin croyait - à tort - être autorisée à recevoir ces sommes sans contrevenir à ses obligations déontologiques, selon la décision du conseil de discipline.

La médecin a promis de ne pas recommencer après avoir admis que les modes de rémunération qu'elle avait appliqués étaient susceptibles de compromettre son indépendance professionnelle.

ORDONNANCES COLLECTIVES

La Dre Coderre-Porras touchait des sommes après avoir rédigé des ordonnances collectives permettant aux infirmières d'offrir des services d'injections aux patients et de s'approvisionner directement auprès de sociétés pharmaceutiques.

« La crédibilité du médecin et de la profession médicale peut être questionnée par le public lorsque le médecin utilise les ordonnances collectives à une autre fin que celle prévue par la loi et les règlements, rappellent les membres du Conseil dans leur décision concernant la Dre Coderre-Porras. Les ordonnances collectives ont été prévues dans le but d'assurer à la fois la disponibilité et la qualité des soins médicaux, tout en constituant un outil privilégié pour assurer une meilleure collaboration entre les divers professionnels de la santé. »

La médecin n'avait pas d'antécédents disciplinaires. Elle a exprimé des regrets au moment de recevoir sa sanction. Sa radiation débute en juillet.