Une fondation privée fait un don de 15 millions sur cinq ans pour créer un pôle de recherche en immunologie et en infectiologie à l'Université McGill. Le projet est de créer un réseau de 250 chercheurs dans les différents campus et hôpitaux universitaires de McGill.

« Avec les étudiants et les techniciens, on parle de quatre ou cinq fois plus de gens », explique le docteur Don Sheppard, directeur des maladies infectieuses au Centre universitaire de santé McGill (CUSM). Le nouveau groupe va amplifier un réseau existant de 45 chercheurs en infectiologie qui se rencontre chaque semaine en personne ou par téléconférence.

« Le nouveau réseau va financer une dizaine de projets innovateurs dont l'objectif sera d'obtenir en 18 mois des résultats assez intéressants pour générer du financement d'agences de recherche fédérales et internationales », dit le Dr Sheppard. Chaque projet aura un budget de « quelques centaines de milliers de dollars ».

Le deuxième objectif du nouveau réseau est de fournir du cofinancement pour des projets de recherche déjà acceptés par des organismes subventionnaires. « La nouvelle mode est d'accepter les projets, mais en exigeant 10 % à 20 % de cofinancement, dit le Dr Sheppard. C'est une bonne idée, mais c'est une grande barrière parce qu'il faut généralement trouver du cofinancement privé. D'excellentes idées meurent sur la table de travail. » L'objectif est un cofinancement totalisant 1 million par année, ce qui permettra de financer de 5 à 10 millions en projets de recherche.

« Nous avons déjà promis du financement à un projet qui a de bonnes chances d'être accepté par un organisme subventionnaire fédéral. »

- Le Dr Don Sheppard, infectiologue

« Les chercheurs veulent suivre quelques dizaines de milliers de patients recevant des thérapies biologiques au CUSM et au CHUM. Il s'agit de manipulations du système immunitaire pour traiter des maladies, l'arthrite, le cancer, la sclérose en plaques, même des maladies infectieuses. Des centaines de thérapies biologiques ont été approuvées ou sont en essais cliniques. »

« Mais il y a des effets secondaires inattendus, une augmentation des infections et des inflammations, et ça marche moins bien pour certains groupes, notamment les femmes et les Asiatiques. On veut comprendre pourquoi et améliorer les thérapies biologiques. »

PLUS DE TECHNICIENS

Enfin, le réseau va financer des techniciens pour les appareils achetés grâce au programme fédéral de la Fondation pour l'innovation. « Le programme ne finance pas l'embauche de personnel, alors chaque chercheur doit apprendre à se servir de ces appareils à la fine pointe de la technologie. Quand un autre chercheur s'en sert, il doit recommencer son apprentissage à zéro. »

L'Initiative interdisciplinaire en infection et immunité de McGill, le nom du nouveau réseau, projette également de prendre les rênes d'un programme pancanadien de suivi et de prévention de la résistance aux antibiotiques.

En chiffres

7500 hommes meurent chaque année d'une maladie infectieuse au Canada.

6000 femmes meurent chaque année d'une maladie infectieuse au Canada.

2 millions de femmes ont une maladie auto-immune au Canada.

700 000 hommes ont une maladie auto-immune au Canada.

Sources: Statistique Canada, American Journal of Public Health

QUI EST DERRIÈRE CE DON ?

Le don provient de la fondation Doggone, créée en 2011 par Elspeth McConnell, morte l'été dernier sans avoir eu d'enfants. Elle était la veuve d'un ancien propriétaire du Montreal Star, John Griffith McConnell, dont le père était dans les années 20 et 30 l'un des plus riches hommes d'affaires du Canada. Selon son directeur, Paul Marchand, la fondation doit en principe dépenser tous ses fonds - 40 millions de dollars, sans compter la succession de feu Mme McConnell - d'ici 10 ans. La fondation tire son nom du fait que la résidence où la mécène, qui était journaliste, a passé les six dernières années de sa vie n'acceptait pas les chiens et qu'elle a dû se défaire de ses deux chiens adorés. Elle a aussi financé un musée d'art autochtone en Colombie-Britannique. - Mathieu Perreault, La Presse