Gaétan Barrette affirme que le député caquiste Éric Caire est en faveur de la création d'hôpitaux privés et qu'il a été mis au courant de ce fait «d'une source sûre, une personne qui a eu ce genre de conversation» avec le député de La Peltrie.

M. Barrette, qui était lui-même candidat de la CAQ en 2012, avant de se faire élire sous la bannière libérale en 2014, a rappelé jeudi à sa sortie de l'étude des crédits en santé que le parti de François Legault débattait déjà de cette question à l'époque. Le ministre de la Santé affirme qu'il s'était alors opposé à l'idée.

«C'était une position qui était défendue très fortement par Éric Caire. Je sais qu'aujourd'hui, il y a beaucoup de discussions qui se font dans la région de Québec (...) sur la privatisation en santé et je sais de source sûre, donc d'une personne qui a eu ce genre de conversation-là, que M. Caire est encore en faveur d'hôpitaux privés», a dit le ministre de la Santé. 

«Québec est une ville sociable où les gens se rencontrent. Étant donné qu'il y a une densité populationnelle qui est très [parlementaire], il y a beaucoup de sujets de conversation qui sont [politiques]. Ça finit par arriver à nos oreilles», a-t-il ajouté. 

Éric Caire nie formellement les allégations de Gaétan Barrette, a indiqué jeudi l'attaché de presse du caucus caquiste, Samuel Poulin. La CAQ affirme également sans détour «qu'on n'ouvrira pas des hôpitaux privés», advenant leur élection en octobre prochain. M. Caire n'était pas disponible jeudi pour répondre aux questions de La Presse. 

En 2012, la formation politique de François Legault avait pris l'engagement de créer à Québec un projet pilote sur la mixité public-privé en santé, afin de permettre à des médecins d'exercer au privé après avoir accompli un certain nombre d'heures dans un établissement public. 

Le ton monte  

L'étude des crédits du ministère de la Santé, qui a débuté jeudi à l'Assemblée nationale et qui se poursuivra au cours des prochains jours, a été le théâtre d'échanges corsés entre le ministre de la Santé et ses vis-à-vis de l'opposition, la péquiste Diane Lamarre et le caquiste François Paradis.  

Mme Lamarre a longuement questionné M. Barrette sur l'épuisement des professionnels en santé. Dans ses questions, la députée du Parti québécois a attribué aux réformes du ministre Barrette les augmentations de prestations en assurance salaire des professionnels du réseau, qui auraient augmenté de 60 millions cette année.  

De son côté, M. Paradis a déploré que le temps d'attente pour la prise en charge d'un patient qui souhaite obtenir un médecin de famille dépasse toujours les cibles prévues.  

À quelques reprises, Gaétan Barrette a martelé que les questions de ses adversaires s'apparentaient davantage à «des commentaires éditoriaux» qu'à de véritables questions, puis a affirmé que le député caquiste utilisait «des chiffres fallacieux pour faire des gains politiques.» 

«Ce qui est désagréable en politique, c'est quand on agrémente les chiffres. (...) On va mettre les pendules à l'heure et on va lettre les yeux de notre collègue devant les bons trous», a dit à un moment M. Barrette.