Durant un examen d'imagerie par résonance magnétique (IRM), il faut rester sans bouger pendant de longues minutes, dans un vacarme d'enfer. Pour les enfants, c'est souvent difficile et les technologues préfèrent qu'ils soient anesthésiés. Depuis l'été dernier, l'Hôpital de Montréal pour enfants teste avec succès un simulateur d'IRM qui permet de réduire de 35 % le nombre d'anesthésies chez les 4-6 ans. Une première en Amérique du Nord.

PROJET PILOTE

L'anesthésie est surtout utilisée pour les enfants de moins de 7 ans qui ont un examen IRM. Le projet pilote, qui a duré de mars à août 2017, a donc ciblé les 4 à 6 ans. Sur 32 enfants, 70 % ont bien réagi au simulateur et n'ont pas eu d'anesthésie. « Et 92 % de ceux qui avaient bien réagi au simulateur ont complété l'examen IRM avec succès sans anesthésie », explique la radiologue Christine Saint-Martin. L'anesthésie comporte des risques faibles, mais réels, implique un séjour plus long à l'hôpital pour l'observation après le réveil et ne permet généralement pas un retour à l'école ou à la garderie le même jour. « Les parents manquent une journée de travail au complet », dit la technologue en chef Johanne Lécuyer.

« ÉVITER L'ANESTHÉSIE »

Lors du passage de La Presse, le simulateur était utilisé pour Nylan Altendorfer, 4 ans, dont le médecin voulait vérifier le cervelet pour des problèmes d'équilibre. « Pour nous, c'était important d'éviter l'anesthésie », explique sa maman Marie-Hélène Brochu, de Saint-Denis-sur-Richelieu. Nylan a pu ressentir le bruit et la durée d'immobilité - généralement moins de cinq minutes - avec le simulateur. Après son examen d'IRM, qui n'a nécessité qu'une seule répétition d'un test, Nylan a reçu un cadeau, une couverture de Star Wars. Serait-il prêt à réessayer le simulateur d'IRM ? « Pas aujourd'hui », a répondu le petit garçon.

QUI EN BÉNÉFICIE ?

Après le projet pilote, le simulateur a donc été utilisé pour quelques enfants un peu plus jeunes ou plus vieux. « Si la technologue se rend compte qu'un enfant de sept ans est timide et ne répond pas bien aux explications, on peut avoir recours au simulateur », précise la technologue en chef Johanne Lécuyer. Le simulateur n'est pas utilisé avec les enfants ayant un important retard de développement, dit Mme Lécuyer.

UN SIMULATEUR LYONNAIS

Johanne Lécuyer est tombée sur le simulateur lors d'un congrès de radiologie en 2015. « Ça nous a pris un an pour arranger l'essai avec la Fondation », dit-elle. Le simulateur, inventé par un radiologue lyonnais en 2003, coûte 50 000 $. La même technologue qui fait l'IRM fait la simulation, contrairement à d'autres approches, selon la radiologue Christine Saint-Martin. « En Europe, c'est utilisé dans 17 pays, mais il y a différents modèles, qui ne reproduisent pas tous le bruit de l'IRM. En Amérique du Nord, c'est utilisé en recherche. » Les résultats du projet pilote de l'Hôpital de Montréal pour enfants, qui ont été présentés à une conférence canadienne d'hôpitaux pédiatriques et une conférence américaine de radiologie, sont similaires à ceux des autres études publiées.

Photo Ivanoh Demers, La Presse

L'anesthésie est surtout utilisée pour les enfants de moins de 7 ans qui ont un examen IRM.

Photo Ivanoh Demers, La Presse

« Si la technologue se rend compte qu'un enfant de sept ans est timide et ne répond pas bien aux explications, on peut avoir recours au simulateur », précise la technologue en chef Johanne Lécuyer.

En chiffres

2 % à 3 % des cas : Risque d'effet secondaire grave avec l'anesthésie

10 % à 15 % des cas : risque d'effet secondaire bénin avec l'anesthésie

Source : Hôpital de Montréal pour enfants