Le Laboratoire de santé publique du Québec est frappé par une grève de ses professionnels, lundi, mardi et mercredi.

Ces professionnels en biologie médicale, qui ont en majorité un doctorat ou des études postdoctorales - ils ne sont que 21 - jouent un rôle de référence et d'expertise pour les hôpitaux du Québec, pour les médecins, pour surveiller les éclosions, les virus, l'antibiorésistance, voire les menaces bioterroristes.

Ces professionnels spécialisés participent aux programmes de surveillance en matière de santé publique, ont des mandats de recherche, publient des articles scientifiques, font de l'enseignement aux médecins résidents, s'intéressent à la légionellose, à la tuberculose, à l'influenza, aux virus Ebola et Zika, à la maladie de Lyme.

Pour le Syndicat des professionnels du Laboratoire de santé publique du Québec, affilié à la CSQ (Centrale des syndicats du Québec), il s'agit de la première grève de son histoire, a confié la présidente du syndicat, Sadjia Bekal, au cours d'une entrevue avec La Presse canadienne lundi.

Les négociations avec l'employeur, l'Institut national de santé publique, ont cours depuis trois ans. La rémunération est au coeur du litige. «Ça n'aboutit pas, on est arrivé à un mur; ça ne fonctionne pas», a résumé Mme Bekal.

La demande de reconnaissance de l'expertise de ces professionnels qui ont un doctorat ou des études postdoctorales en microbiologie, en biologie, ne date pas d'hier.

«Durant les trois ans avant la négociation, on avait manifesté notre besoin de reconnaître notre expertise, l'expertise du Laboratoire de santé publique du Québec par l'employeur. On avait demandé ainsi qu'on soit payé comme les gens qui font la même tâche que nous, surtout que comme le LSPQ couvre toute la province, notre complexité est plus grande. On a fait ces demandes il y a plus de cinq ans», a expliqué Mme Bekal.

La rémunération est le principal point en litige. Ses membres sont sous-payés, a-t-elle affirmé, avec un salaire de départ à 24 $ l'heure qui atteint au maximum de l'échelle 41,77 $ l'heure après 14 années d'ancienneté.

L'employeur convient qu'il existe un problème, relié en fait au titre d'emploi.

«Nous, on est préoccupés de leurs conditions de travail. Dans la négociation actuelle, on a acquiescé au fait qu'ils sont en demande pour un nouveau titre, un titre de spécialiste clinique en biologie médicale. Nous sommes d'accord, mais le problème, c'est que ça prend un certain temps pour négocier ou discuter avec à la fois le ministère de la Santé et le Conseil du trésor pour avoir un mandat de négociation avec notre syndicat. On doit créer un nouveau titre d'emploi et ça, ça prend un certain temps», a expliqué la docteure Jocelyne Sauvé, vice-présidente affaires scientifiques à l'Institut national de santé publique.

Elle demeure optimiste et croit que les discussions devraient se poursuivre bientôt. «Absolument. Nous, on est vraiment préoccupés de régler ça le plus rapidement possible à l'intérieur des balises qui nous sont confiées.»

Bien qu'il y ait grève, les services essentiels sont dispensés. C'est donc dire que le personnel répond à toute urgence, à une éventuelle demande concernant un colis suspect ou touchant la possibilité d'une maladie infectieuse, a noté Mme Bekal.