Les médecins spécialistes sont loin d'être les gloutons de la rémunération que l'on a présentés au cours des derniers jours; ils ont même fait de nombreuses concessions dans l'entente qu'ils viennent de signer avec Québec.

C'est le message qu'a lancé, jeudi, la Fédération des médecins spécialistes, au cours d'une conférence de presse à Montréal, après avoir gardé le silence pendant des jours sur l'entente collective signée avec le gouvernement du Québec.

«Tandis que les adjectifs utilisés pour qualifier la portée financière de cette entente font état d'augmentations faramineuses ou de hausses stratosphériques et que l'on accuse les médecins spécialistes de faire preuve d'une gloutonnerie abyssale ou d'être des adorateurs du veau d'or public, la réalité est tout autre et démontre l'ampleur des concessions financières qui ont été effectuées», a clamé le directeur des affaires juridiques et de la négociation de la FMSQ, Me Sylvain Bellavance.

La présidente de la FMSQ, Diane Francoeur, et son équipe n'ont pas nié les chiffres de 2 milliards additionnels d'ici 2023 et 480 millions comme rattrapage - des chiffres exposés par le Conseil du trésor - mais il semble que tout soit une façon différente de présenter les chiffres.

Certains chiffres font plutôt état des déboursés pour le gouvernement, d'autres sont étalés dans le temps, d'autres contiennent des paiements rétroactifs ou des montants prévus dans des ententes antérieures qui ont été versés plus tard, a expliqué Me Bellavance.

La FMSQ, elle, assure que ses membres ne toucheront aucune augmentation en huit ans, soit de 2015 à 2023. Ils toucheront toutefois 5,2% d'augmentation, soit une somme de 250 millions rétroactive au 1er avril 2017, en plus de certains versements rétroactifs pour les médecins qui étaient en exercice en 2016-2017.

Des concessions

La fédération a beaucoup insisté sur les concessions que ses membres ont faites, dans le cadre de cette négociation, parmi lesquelles: renoncer à la clause remorque qui leur aurait donné les mêmes augmentations que les syndiqués du secteur public et reporter jusqu'en 2027 des sommes dues en vertu d'ententes antérieures.

Et Me Lucien Bouchard, qui a agi comme conseiller spécial de la fédération dans ce dossier, a soutenu qu'il a été bien plus question des conditions de pratique des médecins, dans le cadre de cette négociation, que de leur rémunération.

«Pas un sou d'augmentation pendant huit ans, on n'a jamais vu ça personne! Il y a eu d'énormes concessions monétaires effectuées à la table pour nous permettre enfin de parler des conditions de pratique», a résumé Me Bouchard.

Interrogée sur le fait que même des médecins ont dit publiquement être gênés de toucher une telle hausse de leur rémunération, dans le contexte actuel, la docteure Francoeur a d'abord souligné qu'ils n'étaient pas 500 mais «autour de 260 médecins spécialistes» au sein du groupe Médecins québécois pour un régime public et qu'il y avait «beaucoup d'étudiants et des résidents» au MQRP.

«Il y a eu beaucoup de chiffres comme 11%, alors que l'augmentation réelle est de 5,2%», a justifié la docteure Francoeur, ajoutant que l'entente était difficile à comprendre dans toutes ses ramifications.