Les médecins spécialistes ont laissé sur la table plus que les trois milliards de dollars évoqués par le gouvernement et ils gagnent moins que la moyenne canadienne, soutient leur chef syndicale, Diane Francoeur.

Dans un autre bulletin spécial envoyé à ses membres, faisant cinq pages, elle accuse les médias de colporter des informations mensongères, des « fake news », au sujet de l'entente conclue avec le gouvernement Couillard. Elle décline les demandes d'entrevue depuis la conclusion de cet accord il y a deux semaines.

« Les médias veulent de la nouvelle et les journalistes font leur travail, mais il faut constater que certains essaient de nous forcer la main et, n'acceptant pas notre décision, en inventent au passage », écrit-elle. Elle n'entend faire de commentaires que lorsque l'entente sera signée.

« Les fake news deviennent la vérité de ceux qui nous accusent de nous être fait greffer un portefeuille à la place du coeur. »

- La Dre Diane Francoeur, présidente de la FMSQ

Les 130 délégués qui ont voté à 99 % pour l'entente « ne fréquentent pas les monstres obsédés par l'argent que décrivent les médias ».

Elle fait des reproches au député de Québec solidaire Amir Khadir, qui a accusé la direction de la FMSQ dont il est membre d'être une « petite clique » formée de gens « complètement déconnectés de la réalité ». « Du plus loin que l'on puisse remonter, Dr Khadir n'a jamais siégé à un comité ou au conseil d'administration de son association médicale (microbiologie et infectiologie) et, évidemment, n'a jamais été membre du conseil d'administration de la fédération et encore moins délégué à son instance décisionnelle. Je vous laisse juger à votre tour. »

Selon elle, les médecins spécialistes ont fait bien des concessions ces dernières années. Le rattrapage salarial avec le reste du Canada promis sur 10 ans a par la suite été étalé sur 15 ans et maintenant sur 18 ans, selon la nouvelle entente. « Quel autre groupe de travailleurs en fera autant ? Vous n'avez pas à rougir d'avoir offert un tel compromis à l'État québécois », dit-elle.

L'entente prévoit des hausses de rémunération de 11,2 % en huit ans, sur la période 2015-2023 - dont 4,6 % octroyé en 2015, insiste la FMSQ. S'ajoute le versement d'un montant non récurrent de 1,5 milliard en dix ans. Ce sont des hausses promises en vertu d'ententes passées, comme il a été rapporté depuis deux semaines.

« Il s'agit là de sommes dues depuis l'entente de 2007 ! », écrit la FMSQ. C'est ce qui lui fait dire que, pour le reste, c'est « 0 % sur huit ans ».

Le gouvernement a évalué que l'entente entraînait des économies de trois milliards par rapport à l'accord précédent qu'il avait lui-même négocié et qui s'échelonnait jusqu'en 2020. « Nous sommes d'avis que ces économies sont encore plus importantes », selon la FMSQ. Les concessions vont au-delà de l'abandon de la clause de parité salariale avec le secteur public et de la réduction du financement de « l'évolution de pratique » pour l'arrivée de nouveaux médecins. Il y a aussi, par exemple, une « diminution des sommes dues à la suite des recommandations du Vérificateur général », dit-elle.

Pour la FMSQ, « il y a un manque d'objectivité » de la part des journalistes relevant que les spécialistes québécois gagnent plus que leurs collègues des autres provinces.

Les données proviennent de l'Institut canadien d'information sur la santé (ICIS). « Les analyses de l'ICIS s'avèrent incomplètes et donc ne donnent pas toujours des résultats valables », réplique la FMSQ.

L'entente prévoit la réalisation d'une étude plus exhaustive de la part de cet organisme indépendant qui offrira « un portrait réel » de la situation. « Notre lecture actuelle est que cette étude démontrera que le financement affecté aux médecins spécialistes québécois demeure inférieur à la moyenne canadienne, même après prise en compte des écarts de richesse collective. »

La rémunération totale des 10 000 médecins spécialistes passera de 4,7 milliards cette année à 5,4 milliards de dollars en 2022-2023.