Des parents d'enfants évacués ont ajouté hier leur voix à celles des pédiatres qui demandent la fin des évacuations médicales aériennes en solitaire pour les mineurs, alors que le ministre de la Santé indiquait qu'aucun changement n'était prévu.

Si l'initiative des médecins se concentrait sur les jeunes Inuits du Grand Nord - qui ne parlent souvent qu'inuktitut et dont les villages sont particulièrement isolés -, d'autres régions du Québec vivent la même réalité.

« Voir un enfant partir comme ça, c'est terrifiant. C'est terrifiant », a souligné en sanglotant Brayen Lachance, un coordonnateur universitaire d'Amos en Abitibi. Il évoquait l'évacuation aérienne de sa fille Maélia, âgée de 2 ans en janvier 2017, qui souffrait d'une rare infection des poumons. Dans son cas, seul le transport s'est fait en solitaire puisque ses parents - qui ont sauté dans un vol commercial - l'attendaient à destination.

Les chefs de service de l'Hôpital de Montréal pour enfants qui ont fait parvenir leurs demandes au ministre de la Santé évoquaient les conséquences physiques et psychologiques pour des enfants très malades séparés de leurs parents, parfois pendant des dizaines d'heures, au moment le plus critique de leur vie. Ils soulignaient aussi le fait que le Québec faisait figure de mouton noir dans le domaine, puisque d'autres provinces canadiennes autorisent un parent à prendre part aux évacuations médicales.

« Je comprends qu'il y ait des situations dans lesquelles une personne ne peut pas embarquer dans l'avion - des dangers de contagion, par exemple -, mais il me semble qu'en règle générale, on devrait pouvoir embarquer un parent », a dit Brayen Lachance, père d'une enfant qui a été évacuée seule par avion.

« C'est une expérience terrifiante pour l'enfant aussi. C'est épouvantable » a poursuivi M. Lachance en entrevue téléphonique. La petite Maélia a été sauvée et se porte beaucoup mieux.

Alexandre Stewart, père de famille de Kangiqsualujjuaq, demande que la politique soit modifiée. Son fils avait 7 ans lorsqu'il a dû être évacué dans l'avion-hôpital.

« Il était seul lorsqu'il est arrivé à Montréal », a-t-il déploré. « Ça m'a brisé le coeur et lui était terrifié. Je me sentais le pire père de l'histoire [...]. J'ai pleuré et pleuré... Imaginez ce qui se passait dans sa tête à lui, dans la mienne et dans celle de sa mère ! »

PAS DE CHANGEMENT À L'HORIZON

Le ministre de la Santé s'est dit « sympathique » à ces revendications, mais précise qu'aucun changement à la situation n'est prévu.

En entrevue avec La Presse, Gaétan Barrette a indiqué que la réglementation du transport aérien empêchait qu'un parent monte à bord dans la configuration actuelle de l'avion-hôpital, livré au gouvernement en 2014. M. Barrette dit ne pas prévoir de changement à cette configuration.

« Si vous me demandez si aujourd'hui nous avons des plans pour déconstruire ou reconfigurer l'appareil, au moment où l'on se parle, la réponse, c'est non », a dit Gaétan Barrette, ministre de la Santé.

« Ce n'est pas moi qui ai configuré l'appareil. Moi, je l'ai reçu et je l'ai inauguré », a indiqué le ministre. En entrevue, le ministre s'est dit touché par ces problèmes. « Je suis très sympathique à la demande qui est faite par les parents, pour les raisons qui sont évoquées dans les demandes », a-t-il dit.