Après des semaines de revendications des ambulanciers de la région de la capitale qui déploraient même la mort de certains patients, le gouvernement Couillard a annoncé mercredi 28,2 millions $ de plus pour améliorer la couverture à la grandeur du Québec.

Cela se traduira par 22 véhicules de plus sur les routes et 133 000 heures de service supplémentaires.

Près de la moitié de ces ambulances, 10, sera ajoutée dans la région métropolitaine, soit Montréal et Laval, mais quatre seront déployées à Québec et sept autres en Montérégie. Finalement, une sera ajoutée à Gatineau.

En outre, neuf horaires de faction seront convertis en quarts de travail réguliers, c'est-à-dire que des horaires de disponibilité mis en place dans les régions moins densément peuplées seront transformés en quarts de travail de huit heures, à raison de trois par jour. Les zones retenues sont Saint-Paulin, Lotbinière, Waterloo, Louiseville, Saint-André-Avellin, Gracefield, Maniwaki, Grenville et Lacolle.

Rappelons qu'il y a quelques semaines, des ambulanciers de Québec avaient plaidé que des retards dans des interventions avaient entraîné la mort d'au moins deux patients.

Le ministre de la Santé, Gaétan Barrette, s'est défendu de céder par cette annonce aux pressions des ambulanciers de Québec. En conférence de presse à l'Assemblée nationale, il a souligné que l'évaluation se faisait de façon continue et que ces décisions avaient été prises en fonction des tendances.

«Une année où il y a eu plus d'épidémies de grippe, par exemple, qui ont nécessité plus de transport de personnes âgées. Alors, on peut constater que, dans une année donnée, il y ait eu une utilisation supérieure au seuil. Il faut attendre de voir si cette tendance-là se maintient et c'est ce que l'on fait continuellement.»

À titre de précision, quand une ambulance est utilisée à plus de 25 pour cent du temps pour le transport de patients, alors l'horaire de faction est converti en quart de travail.

«Les ambulanciers aujourd'hui veulent quoi? Ils voudraient qu'il n'y ait plus d'horaires de faction. Il y a des territoires où le taux d'utilisation en horaires de faction d'une ambulance est de 15 pour cent, et ces ambulanciers-là voudraient que ce soit en quarts de travail. À un moment donné, c'est une question d'arbitrage.»

Par ailleurs, deux zones qui demandaient une meilleure couverture, soit Lévis, près de Québec, et Manawan, une communauté atikamekw dans Lanaudière, n'ont pas obtenu ce qu'elles souhaitaient.

M. Barrette soutient que des ajustements ont été faits à Lévis, mais que le point de bascule de l'horaire de faction au quart de travail n'a pas été atteint, tandis que pour Manawan, des discussions sont encore en cours.

Le ministre a par ailleurs déploré que les négociations avec un des grands employeurs des ambulanciers, la Corporation de services ambulanciers du Québec (CSAQ), n'avancent plus.

«Nous sommes actuellement empêtrés dans une stagnation de négociation avec la CSAQ, qui est doublée de poursuites juridiques contre le gouvernement», a commenté M. Barrette.

La CSAQ a été convoquée à une séance de négociations qui devait avoir lieu mercredi et le gouvernement allait l'inviter à négocier «de bonne foi» durant un blitz, a ajouté le ministre.

L'opposition se réjouit

L'opposition officielle a pour sa part crié victoire après l'annonce du ministre. La porte-parole du Parti québécois en matière de santé, Diane Lamarre, a fait remarquer que M. Barrette avait depuis 2014 un rapport en main qui faisait état du manque de couverture.

«C'est une victoire pour le Parti québécois, mais principalement pour la population du Québec, parce que, lorsqu'il y a des délais dans les services ambulanciers, il y a des conséquences», a dit la députée de Taillon mercredi en conférence de presse.

«Tout le Parti québécois s'est uni pour expliquer au ministre que ça devenait dangereux pour la population, a poursuivi sa collègue, la députée de Taschereau, Agnès Maltais. Il a nié pendant longtemps et il a fini par entendre raison (...) parce qu'on a mis ça sur la place publique.»

La Fédération des employés du préhospitalier du Québec (FPHQ), qui représente des ambulanciers, affirme que c'est un pas dans la bonne direction, mais continue de réclamer la fin des horaires de faction.

Dans un communiqué, la FPHQ soutient qu'il manque encore des ressources dans la région de La Mitis, à Lévis, dans Lanaudière, et même à Québec. Selon le syndicat, le calcul du taux d'occupation des ambulances ne tient pas compte des inspections mécaniques et des transferts.