La FIQ «est devenue big», tant en membership qu'en influence, et elle doit profiter du capital de sympathie dont elle jouit auprès du public pour améliorer les conditions dans le réseau de la santé.

C'est le message qu'a livré la présidente de la Fédération interprofessionnelle de la santé, Régine Laurent, lundi, dans son discours d'ouverture devant les quelque 1000 congressistes réunies toute la semaine à Lévis.

Il y a à peine trois ans, à son dernier congrès, la FIQ comptait 62 000 membres. Elle en compte aujourd'hui 75 000, soit «la très vaste majorité de celles qui oeuvrent dans le secteur public de la santé», a souligné Mme Laurent.

La FIQ a en effet été l'une des grandes gagnantes des derniers votes d'accréditation syndicale dans la santé, rendus nécessaires par les fusions d'établissements de santé. Elle représente la grande majorité des infirmières, infirmières auxiliaires, inhalothérapeutes et perfusionnistes cliniques.

Mme Laurent, qui quittera officiellement son poste vendredi, s'est dite fière que son organisation syndicale «est big aussi parce qu'on pratique un syndicalisme du 21e siècle».

Une nouvelle fédération a été créée à la FIQ, en octobre 2016, la FIQP, qui regroupe ses membres qui travaillent dans des établissements privés de santé et des établissements privés conventionnés.

«On est la voie incontournable et on le sera encore davantage quand on parle santé», a conclu Mme Laurent.

Mme Laurent a rappelé que le réseau de la santé a vécu plusieurs turbulences avec les nombreuses réformes du ministre de la Santé et des Services sociaux, Gaétan Barrette, ces dernières années.

Et c'est sans compter les compressions budgétaires passées en santé, les postes non comblés, les heures supplémentaires imposées, le manque de postes à temps complet, a énuméré Mme Laurent. Ce sont les patients, en plus du personnel, qui ont écopé, a-t-elle affirmé.

Elle veut donc que la FIQ profite du capital de sympathie dont elle jouit auprès du public pour améliorer les choses.

«Il faut faire reconnaître notre réel apport social, économique à la collectivité. Soigner, c'est une oeuvre collective. Pour être en mesure d'exercer ce pouvoir à la hauteur des expertises qu'on a, pour que notre voix compte encore plus, pour être capable de faire bouger les choses, il va falloir créer un grand mouvement, entraîner tout le monde, nos membres, les patients, les familles et tout le monde», a-t-elle lancé.

Entre autres, la FIQ se donne comme priorité d'obtenir un ratio professionnelle en soins-patients, c'est-à-dire un nombre limite de patients par infirmière, par exemple, afin d'offrir de meilleurs soins aux patients.

«C'est sûr que ça va prendre de l'énergie, de l'énergie pour freiner les effets dévastateurs du démantèlement, de la fragilisation du réseau public de la santé. Ce ne sera pas facile, mais, à ma connaissance, on ne l'a jamais eue facile», a conclu Mme Laurent.

Mme Laurent, une infirmière rattachée à l'Hôpital Santa-Cabrini, à Montréal, prendra sa retraite à la fin du congrès et quittera son poste de présidente de la FIQ, vendredi.

Elle a tenu bon pour prononcer son discours, mais n'a pu s'empêcher d'essuyer des larmes, après son allocution, quand plusieurs congressistes sont venus l'étreindre, la féliciter pour son dévouement.

C'est Nancy Bédard, actuellement vice-présidente, rattachée au CHU de Québec, qui lui succédera officiellement vendredi.