Le personnel médical serait moins porté à réanimer des nouveau-nés que des enfants et des adultes, révèle une étude menée par une équipe de chercheuses de l'Université de Montréal.

Elles ont étudié l'approche du personnel médical de divers hôpitaux montréalais quand vient le temps de pratiquer des manoeuvres de réanimation sur des patients de différents âges. Et cela, dans une situation particulière: plusieurs patients arrivent en même temps dans une salle d'urgence, et il n'y a qu'un seul médecin: qui va-t-on sauver en priorité?

Leurs conclusions ont été publiées cet automne dans la revue médicale spécialisée The Journal of Pediatrics.

Leur étude menée à l'aide d'un questionnaire révèle en effet que, lorsqu'on leur soumet différents scénarios de patients qui se trouvent entre la vie et la mort, les membres des équipes médicales sont plus favorables à des manoeuvres de réanimation pour les adultes et les enfants que pour les nouveau-nés.

Les décisions de vie et de mort sont parmi les plus difficiles à prendre en médecine, souligne la chercheuse principale de cette étude, Amélie Du Pont-Thibodeau, professeure adjointe de clinique à l'Université de Montréal, pédiatre et néonatalogiste au CHU Sainte-Justine. Et dans ces cas, les nouveau-nés seraient traités différemment, constate-t-elle.

«Ils sont moins favorisés par les décisions prises», a-t-elle résumé en entrevue.

Les quatre auteures de l'étude - dont trois sont médecins - y présentent les résultats d'une recherche menée auprès de 50 médecins résidents et de 30 infirmières qui travaillent dans des unités de soins intensifs d'hôpitaux pédiatriques montréalais.

«Les répondants ont déclaré accepter généralement mieux la mort pour les nouveau-nés, même lorsque les pronostics liés à la réanimation sont comparables à ceux pour les patients plus âgés», indiquent les chercheuses.

Très souvent, la décision de l'équipe médicale sera prise selon les possibilités de survie et de survie sans séquelles, a relevé l'équipe de recherche. Bref, la décision doit être prise dans le meilleur intérêt du patient, précise la chercheuse.

Appelés à justifier leurs choix, les médecins et infirmières ont soulevé les meilleurs pronostics de survie de ceux qui étaient sauvés. Mais lorsqu'on leur faisait remarquer dans les scénarios proposés que les pronostics des nouveau-nés étaient identiques à ceux de la personne ayant été choisie pour la manoeuvre de réanimation, ils offraient des explications portant sur le statut de personne du nouveau-né, la question du niveau d'attachement de la famille, et le fait qu'ils n'avaient pas encore d'«histoire».

Une autre conclusion ressortie de la recherche est la suivante: «Plusieurs personnes jugent que la réanimation est dans l'intérêt du nouveau-né, mais seraient prêtes à ne pas l'entreprendre à la demande des parents. Or, cette demande ne serait pas respectée pour des patients plus âgés», a indiqué Mme Du Pont-Thibodeau.

Elle juge important qu'une réflexion ait lieu à ce sujet et que les discussions se poursuivent au sein des unités de soins.