Le Parti québécois (PQ) a déposé une motion, mercredi, demandant à la vérificatrice générale d'analyser en détail la plus récente entente entre le gouvernement et la Fédération des médecins omnipraticiens du Québec (FMOQ).

Le 6 octobre dernier, le gouvernement Couillard annonçait avoir «réglé ses comptes» avec les omnipraticiens en leur accordant une augmentation de rémunération de 14,7 % d'ici 2023.

À cette augmentation totalisant 340 millions de dollars s'ajoutent au moins 635 millions en sommes non récurrentes qui seront versées aux médecins. Le gouvernement a choisi de respecter des accords passés, qui prévoyaient des hausses qui ont toutefois été reportées et étalées dans le temps.

Il s'est justifié en disant bénéficier d'une nouvelle «marge de manoeuvre» grâce au contrôle serré des dépenses.

Mercredi, le chef du PQ, Jean-François Lisée, a affirmé qu'il annulerait l'entente si son parti était porté au pouvoir en 2018.

«Nous, on vous dit, ce milliard-là, nous n'allons pas le donner aux médecins. Lorsqu'on arrivera au gouvernement, s'il n'est pas déjà décaissé, nous allons faire en sorte que cet argent-là aille dans les soins», a-t-il martelé lors d'un point de presse à l'Assemblée nationale.

D'après lui, le gouvernement Couillard donnera au moins 2 milliards de plus aux omnipraticiens et médecins spécialistes dans les années à venir, tandis que les aînés et les enfants du Québec souffrent d'un manque de ressources.

«J'étais avec des parents d'enfants qui ont une déficience intellectuelle et on m'a appris qu'il y a un nouveau mot pour les soins: ça s'appelle des épisodes de soins, parce qu'il n'y a tellement pas de budget pour faire des soins en continu qu'on dit aux enfants: Ça va être épisodique. Vous allez en avoir ce mois-ci, peut-être un autre épisode dans quelques mois», a relaté M. Lisée.

«Il y a une dégradation de la qualité des soins, mais pour les médecins, il y a 2 milliards. Ça dépasse l'entendement», a-t-il ajouté.

De plus, il est anormal que l'entente avec la FMOQ demeure secrète, a insisté la députée péquiste Diane Lamarre.

«C'est un manque de transparence, a-t-elle affirmé. Ce n'est pas l'argent du ministre, c'est l'argent des Québécois, et il doit nous expliquer clairement comment il va l'utiliser.»

À l'instar de son collègue Pierre Arcand, le ministre de la Santé, Gaétan Barrette, a promis que l'entente de principe avec les omnipraticiens sera rendue publique dès que celle avec les spécialistes sera conclue.

Entre-temps, il est préférable de ne pas publier tous les détails de l'entente. «C'est de la négociation 101», a-t-il ajouté, en accusant le PQ au passage de faire de la «petite politique».

La motion déposée mercredi se lit ainsi: «Que l'Assemblée nationale donne le mandat au Vérificateur général du Québec de faire une vérification de l'optimisation des ressources de la plus récente entente de principe entre la FMOQ et le Conseil du trésor au sujet du renouvellement de l'accord-cadre régissant les conditions de travail des médecins omnipraticiens».

Mme Lamarre a dit souhaiter que la vérificatrice générale, Guylaine Leclerc, dépose un rapport d'ici le 6 février 2018, jour de rentrée parlementaire après le congé des Fêtes.

La motion a été battue mercredi par les libéraux, qui jouissent d'une majorité en chambre, 54 contre 45.

En 2015, la vérificatrice s'était penchée sur les ententes de rémunération 2010-2015 signées entre le gouvernement et les fédérations des médecins.

Elle concluait que ces ententes, qui ont permis aux médecins de hausser leur rémunération de près de 60 pour cent en six ans, ou de 2,6 milliards, ont entraîné un dépassement de plus 800 millions.