Une semaine après son ouverture, le nouveau Centre hospitalier de l'Université de Montréal (CHUM) éprouve des « difficultés de communication » au point où sa direction demande à ses médecins de réduire de 65 % le volume de patients vus en consultations externes, a appris La Presse.

« Le volume de patients vus en clinique ambulatoire doit être diminué à un niveau que le centre de commandement juge sécuritaire. Ce niveau a été établi à 35 % du volume historique pour cette période de l'année », a indiqué le Dr Luigi Lepanto, directeur des services professionnels du nouveau CHUM, dans une lettre envoyée à tous ses médecins lundi et que La Presse a obtenue.

« Suite à la migration des équipements et des systèmes informatiques, plusieurs services doivent composer avec des difficultés de communication (téléphone, fax, Spectralink), explique le Dr Lepanto dans cette lettre.

« Quoique globalement les effectifs soient suffisants, certaines équipes sont dédiées aux secteurs de l'hôpital qui ne sont pas encore activés », poursuit le Dr Lepanto. Ainsi, le nouveau CHUM vit « un ralentissement généralisé dans l'ensemble des flux logistiques de l'approvisionnement du matériel de soins », résume son directeur des services professionnels.

Une situation qui « s'ajoute à la pression liée au déménagement », écrit le Dr Lepanto à ses confrères médecins. Rappelons que les patients de l'hôpital Saint-Luc ont déménagé dans le nouveau CHUM le 8 octobre dernier. Ceux de l'Hôtel-Dieu seront transférés le 5 novembre. Et, finalement, ceux de l'hôpital Notre-Dame seront transférés à leur tour le 26 novembre.

Pour éviter « des incidents imprévisibles qui auront pour effet de déstabiliser la reprise dans d'autres secteurs de l'hôpital », la direction du nouveau CHUM a donc décidé de réduire les activités de ses « cliniques ambulatoires ». Le niveau du volume de patients traités dans ces cliniques sera revu sur une base hebdomadaire, indique la direction du CHUM.

Patients dirigés vers le privé en raison du déménagement

Patient au nouveau CHUM, Mario Lambert passe une échographie abdominale chaque année avant son rendez-vous avec son hépatologue (médecin spécialiste des maladies du foie). Or, cette année, il n'a pas reçu de lettre du département de radiologie comme à l'habitude confirmant son échographie en prévision de sa rencontre avec son médecin spécialiste fixée à la fin du mois de novembre.

Inquiet, M. Lambert a téléphoné au département de radiologie du nouveau CHUM pour se faire répondre qu'on était incapable de lui offrir une date de rendez-vous ou même de lui donner une idée des délais d'attente pour une telle échographie « non urgente », selon ce qu'il a raconté à La Presse. La réceptionniste lui aurait conseillé d'aller dans une clinique privée et de porter plainte s'il était insatisfait, décrit-il.

« Je trouve inacceptable que les patients soient pénalisés de la sorte. De toute évidence, il y a eu un manque au niveau de la planification », dit M. Lambert qui affirme avoir déposé une plainte auprès du commissaire aux plaintes de l'établissement hospitalier.



Photo Olivier PontBriand, Archives La Presse

Les activités cliniques - dont les consultations externes - ont été diminuées graduellement ces derniers mois en prévision des trois déménagements vers le nouveau CHUM.

Une période d'adaptation normale, plaide le CHUM

Les activités cliniques - dont les consultations externes - ont été diminuées graduellement ces derniers mois en prévision des trois déménagements vers le nouvel hôpital, rappelle pour sa part la directrice des communications du CHUM Irène Marcheterre.

La lettre envoyée aux médecins lundi est un « rappel » pour s'assurer de ne pas augmenter trop rapidement le volume de patients dans le nouvel hôpital, précise Mme Marcheterre.

« On fonctionne dans le nouvel hôpital avec des capacités réduites pour donner le temps à tout le personnel de s'adapter aux nouvelles technologies, aux nouvelles façons d'offrir les soins aux patients », poursuit Mme Marcheterre.

Parfois « la technologie nous joue un tour » ou bien l'on découvre que le personnel a besoin d'une formation supplémentaire pour mieux apprivoiser cette nouvelle technologie, précise-t-elle. Il s'agit d'un processus normal dans un contexte de déménagement et de transfert aussi important, conclut la directrice des communications du CHUM.

Concernant le cas de M. Lambert, Mme Marcheterre indique que la « conjoncture du déménagement et du transfert fait en sorte qu'il est possible que des rendez-vous comme celui-ci soient reportés quelque peu ou qu'on ne puisse pas lui donner un rendez-vous pour l'instant ». Et qu'il se peut, dans ce contexte, qu'une employée du nouveau centre de rendez-vous lui ait conseillé de se tourner vers une clinique privée, dit la directrice des communications du CHUM.