L'organisation syndicale qui représente la grande majorité des infirmières du Québec vient de remporter une importante victoire devant le tribunal concernant les infirmières provenant des agences de placement.

Celles-ci doivent bel et bien être incluses dans ses unités de négociation, puisque leur véritable employeur est le centre hospitalier et non l'agence, a statué le Tribunal administratif du travail.

Concrètement, cette décision du tribunal devrait permettre de stabiliser les équipes soignantes, au bénéfice des patients et du personnel, a dit la présidente de la Fédération interprofessionnelle de la santé (FIQ), Régine Laurent, au cours d'une conférence de presse mardi.

C'est le Syndicat des professionnelles en soins de l'Est-de-l'Île-de-Montréal, affilié à la FIQ, qui s'était adressé au tribunal, afin de lui demander de déclarer que 15 infirmières travaillant aux soins intensifs à l'Hôpital Santa-Cabrini, provenant d'agences de placement privées, soient incluses dans son unité de négociation.

Le Tribunal administratif du travail lui a donné raison sur toute la ligne.

Il affirme que les agences de placement ne font que de «la fourniture de main-d'oeuvre» et ne dispensent pas de soins. «Elles agissent comme sous-traitants pour le Service des ressources humaines, et non pour les services de soins», a jugé le tribunal.

Le véritable employeur de ces infirmières n'est donc pas une agence de placement, mais bien le centre (CIUSSS ou Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux de l'Est-de-l'Île-de-Montréal), conclut le juge administratif André Michaud.

«Extraordinaire pour les patients»

Aux côtés notamment de ses représentants syndicaux de Santa-Cabrini, Mme Laurent s'est dite très satisfaite de cette victoire syndicale.

Elle a invité le ministère de la Santé et ses représentants à cesser «le recours abusif à la main-d'oeuvre indépendante» et à travailler pour stabiliser les équipes de soins, tant pour le bien des patients que pour celui du personnel.

«Dans une équipe de travail, quand c'est le même personnel, la même équipe soignante qui est là régulièrement, c'est extraordinaire pour les patients. Et c'est bon aussi pour nous, parce qu'on fait un travail où on est très sollicité», où la charge de travail est importante, a rappelé Mme Laurent.

«Imaginez que vous travaillez dans un établissement de santé et, à tous les jours, vous avez à peu près la moitié de l'équipe à qui vous devez dire» où sont placés des accessoires, des formulaires. «Ça n'a pas de bon sens», s'est exclamée la dirigeante syndicale.

La FIQ se bat depuis des années pour limiter le recours aux agences de placement. Cette question a été au coeur de plusieurs négociations de ses conventions collectives. Elle a d'ailleurs réussi à réduire le recours à ces agences, au fil des ans. Certains établissements de santé y ont beaucoup moins recours que d'autres «parce qu'ils planifient mieux la gestion de leur main-d'oeuvre», a expliqué Mme Laurent.

Les infirmières d'agences coûtent plus cher à l'État - 20% de plus, rapporte Mme Laurent - mais elles donnent aussi plus de souplesse aux administrations d'établissements et aux infirmières qui s'y inscrivent parce qu'elles veulent choisir au cas par cas leurs quarts de travail.

«Bientôt, les négociations locales débuteront dans les CISSS et les CIUSSS et ce sera l'occasion de faire appliquer la décision du tribunal. Le ministre et les gestionnaires doivent donc agir maintenant», a conseillé Mme Laurent.