Pas question d'être alarmiste, mais la situation doit être prise au sérieux. Les propriétaires inondés doivent se plier à des règles strictes pour éviter les infections et la prolifération des moisissures après les inondations.

« Il n'y a qu'une conclusion : l'eau qui est là est contaminée », a souligné le Dr Horacio Arruda, directeur national de santé publique. L'eau qui a stagné sur les terrains et dans les sous-sols accueille très probablement toutes sortes de bactéries, dont les coliformes, susceptibles d'entraîner des gastroentérites. Mais les risques ne s'arrêtent pas là : des blessures ou des coupures aux mains peuvent ouvrir le chemin aux infections.

Pour le Dr Arruda, il est évident que les citoyens qui travaillent à récupérer leur maison doivent se munir de bottes et de gants. De masques aussi, si possible. Après leurs interventions, ils doivent se laver les mains, faire attention s'ils ont des lésions sur la peau, prendre garde quand ils portent les mains à la bouche - en fumant, par exemple.

FOYERS DE MOISISSURES

À bien des endroits, l'eau est sûrement plus contaminée que ce qu'on considère comme un niveau acceptable pour une plage, convient le spécialiste. Mais elle est probablement moins dangereuse - sur une plage, on s'attend à ce que les gens plongent le corps exposé, qu'ils mettent la tête dans l'eau, ce qui permet aux bactéries d'atteindre la bouche et les yeux. Le propriétaire qui tente de récupérer son sous-sol n'aura pas les mêmes contacts avec l'eau.

« Quand vous réintégrez le domicile, dites-vous que l'endroit est considéré comme contaminé. » - Le Dr Horacio Arruda, directeur national de santé publique 

Les objets qui ont été mouillés sont également considérés comme à risque. S'il s'agit d'un canapé, même une fois sec, il est susceptible d'être un foyer de moisissures ; « quand il y a du rembourrage, on recommande de jeter ». Ces moisissures, ces champignons sont susceptibles d'être allergènes. Ce qui peut être lavé à l'eau chaude dans une machine - des peluches d'enfant, par exemple - peut toutefois être récupéré.

Même chose pour le gypse, un matériau poreux. Les murs peuvent devenir une source continuelle de champignons susceptibles de causer des problèmes respiratoires. Un meuble en bois peut être récupéré, si on le fait sécher ; on devra enlever les taches noires signalant des moisissures. Les traverses de bois dans les cloisons des sous-sols peuvent être laissées en place si on parvient à les faire sécher.

On n'a pas rapporté de cas d'infections aux directions régionales de santé publique. « Mais il faut être prudent, c'est à partir de maintenant que les gens vont commencer à faire des travaux, c'est là que les risques apparaissent. »

IMPACT PSYCHOLOGIQUE

Mais pour le directeur de santé publique, le véritable défi n'est pas sanitaire. Dans les prochains jours et semaines, des centaines de propriétaires, désormais loin de l'attention du public, se retrouveront avec un écrasant défi : oublier cette catastrophe.

Plus d'un millier de travailleurs sociaux, d'intervenants psychosociaux sont nécessaires pour épauler les sinistrés qui seront laissés à eux-mêmes. 

« Les gens sont à bout. Ils ont été sur l'adrénaline pour sauver leurs biens, mais quand ils rentrent chez eux et considèrent l'ampleur des pertes, il y a un moment difficile. » - Le Dr Horacio Arruda

Les intervenants vont dans les assemblées municipales pour voir si des propriétaires ont besoin d'une assistance particulière ; ces professionnels sont accessibles 24 heures par jour, et certains ont été redéployés pour rejoindre les régions touchées. Les lignes d'aide téléphonique sont aussi prévenues de l'affluence probable des cas problèmes. « Ça va être vrai à court, moyen et long terme. Il n'y a pas de deuil comme à Lac-Mégantic, mais il y a quand même une atteinte à une chose très proche des individus, leur maison, leurs souvenirs », a souligné le Dr Arruda.