Le président du Conseil pour la protection des malades, Paul Brunet, se dit « bouleversé et choqué » que le CHSLD de Beauceville n'ait pas pris les moyens nécessaires pour empêcher une préposée aux bénéficiaires de maltraiter des résidants dès qu'il a été averti de « gestes inadéquats », il y a un an. Il reproche à la direction d'avoir « caché » ces faits.

Selon un rapport d'enquête de la commissaire aux plaintes du Centre intégré de santé et de services sociaux (CISSS) de Chaudière-Appalaches, la direction de l'établissement n'avait fait qu'un simple avis verbal à l'employée pour des « gestes inadéquats » en février 2016. C'est donc dire qu'elle était au courant d'actes répréhensibles depuis un an.

« Nous sommes inquiets de constater qu'en dépit de la nature des gestes portés en février 2016 et de la mesure disciplinaire alors appliquée, il n'y a pas eu de plan d'encadrement établi auprès de l'employée visant la non-récurrence » de mauvais traitements, soutient la commissaire. L'employée a fait d'autres victimes, 11 au total, avant d'être poussée à la retraite en mars à la suite d'une dénonciation de la part de collègues de travail.

La direction du CHSLD et le CISSS disaient la semaine dernière qu'ils étaient intervenus rapidement lorsqu'il y a eu dénonciation le mois dernier. Ils omettaient de mentionner les faits remontant à février 2016. Tant et si bien que la semaine dernière, Paul Brunet disait « Chapeau ! » aux autorités du CHSLD pour son intervention, en apparence rapide, contre l'employée. « Si c'est ce qu'ils ont vraiment fait », prenait-il la peine de préciser.

« J'avais bien fait d'ajouter ça, parce qu'on voit aujourd'hui que ce n'est pas tout à fait ce qui s'est passé en réalité », a-t-il affirmé en entrevue après avoir pris connaissance des conclusions de l'enquête. « C'est choquant. Je suis bouleversé et choqué. Les familles vont l'être encore davantage, et on le comprendra. »

M. Brunet est en contact avec le comité des résidants de cet établissement qui héberge 108 personnes. « On leur a caché les faits antérieurs », a-t-il confirmé après vérification. Il se demande « pourquoi ces comités sont les derniers informés de choses qui concernent les usagers ». Selon lui, « il aurait dû y avoir un encadrement pour l'employée, et cet encadrement aurait dû faire l'objet de communications au comité, ou au moins aux familles ».

Le ministre de la Santé et des Services sociaux, Gaétan Barrette, reconnaît du bout des lèvres que « le délai a peut-être été trop long » entre le moment où la direction a été alertée et celui où les mesures ont été prises contre l'employée. « Au moins, la situation est résolue » aujourd'hui, a-t-il dit. Le directeur du CHSLD en février 2016 « n'est plus là, il y a une autre » directrice, Manon Trudel, « elle a agi, c'est parfait comme ça ». « Mais je ne dis pas que c'était parfait avant », en 2016.



Le CISSS jette le blâme sur l'ex-directeur


Le CISSS jette le blâme sur l'ancien directeur du CHSLD de Beauceville, qui, selon lui, n'a pas alerté ses supérieurs du cas de maltraitance en février 2016. « Il a traité le cas à son seul et unique niveau. J'aurais souhaité qu'il nous avise », a déclaré Francis Picarou, directeur adjoint au programme de soutien à l'autonomie des personnes âgées au CISSS. Il a noté que le directeur du CHSLD en 2016 n'est plus gestionnaire, « il est clinicien quelque part dans le CISSS ». C'est ce directeur qui avait émis un avis verbal contre la préposée. Il avait inscrit une note à ce sujet dans son « cahier de suivi », document qui est resté dans les bureaux du CHSLD après son départ. Mais personne ne l'a apparemment consulté avant que la commissaire aux plaintes n'en fasse la découverte dans le cadre de son enquête plus tôt ce mois-ci. Le CISSS s'engage à mettre en oeuvre les recommandations de la commissaire aux plaintes.

Photo André Pichette, archives La Presse

Le président du Conseil pour la protection des malades, Me Paul Brunet