Le Tribunal administratif du travail a entendu jeudi Urgences-santé et le syndicat des ambulanciers, affilié à la CSN, après que l'employeur se fut plaint des difficultés qu'il éprouve pour combler les absences depuis le début de la grève.

Comme il s'agit d'une grève dans un service ambulancier, les services essentiels doivent être assurés. Et il appartient au syndicat de veiller à ce que ses membres soient disponibles pour que ces services soient dispensés.

La semaine dernière, le Tribunal avait déjà statué, en convoquant les parties à une séance de conciliation, mercredi afin qu'elles s'entendent sur les modalités d'application de ces services essentiels. Comme celles-ci n'ont pas réussi à s'entendre en conciliation, le tribunal les a donc convoquées en audience jeudi.

Il s'agit donc de déterminer à partir de quel moment, dans quelles circonstances et comment les ambulanciers doivent être appelés au travail pour assurer les services essentiels et éviter un bris de service.

Dans le jugement rendu la semaine dernière, la question de la tempête des 14 et 15 mars avait été évoquée, puisque Urgences-santé rapportait y avoir eu plus de difficulté à combler tous ses quarts. Jeudi, on a d'ailleurs appris qu'une trentaine d'absences avaient ainsi été rapportées et qu'il y avait eu déséquilibre entre l'offre et la demande.

Le premier témoin, Alain Lefebvre, chef de services chez Urgences-santé, a expliqué toutes les étapes que l'employeur doit suivre pour tenter de combler tous les quarts de travail, en suivant le plan de contingence de niveaux 1, 2 et 3. Chaque niveau comprend différentes mesures, comme offrir de faire des heures supplémentaires, annuler la formation continue prévue, rendre le temps supplémentaire obligatoire, demander à ceux qui travaillent au quart suivant de rentrer quelques heures plus tôt ou proposer à ceux qui achèvent leur quart de le prolonger de quelques heures.

Lors de la tempête du 15 mars, Urgences-santé a d'ailleurs dû atteindre le niveau 3 de son plan de contingence et faire appel aux heures supplémentaires obligatoires pour répondre à la demande, a-t-on appris.

M. Lefebvre a indiqué qu'au premier niveau, l'employeur appelle les ambulanciers disponibles et laisse alors des messages sur les répondeurs téléphoniques, afin de combler les quarts vacants. Et il semble que les rappels des ambulanciers paramédicaux ne soient pas toujours nombreux, a affirmé le témoin.

Mais, en réponse à une question de la juge administrative France Giroux, il a admis que ce nombre peu élevé de rappels ne date pas de la grève. Urgences-santé ne comble donc pas tous ses quarts de travail, même quand il n'y a pas de grève.

Le second témoin, le président du Syndicat du préhospitalier, Réjean Leclerc, a souligné que la grève n'avait «rien à voir» dans le fait que la direction d'Urgences-santé ne comblait pas tous ses quarts de travail.

Selon lui, «grève ou pas, ce plan-là (de contingence) est appliqué» et c'est une décision de la direction des opérations d'Urgences-santé de procéder ainsi, afin de planifier les effectifs dont elle juge qu'elle aura besoin. Ce plan «est appliqué fréquemment sans la grève», a-t-il assuré.

En fin de journée, il a finalement proposé à la juge que l'employeur avertisse le syndicat dès qu'il émet un avis de niveau 2 de son plan de contingence. Il appartiendra alors au syndicat de voir à ce que ses membres soient avisés.