Le Collège des médecins de famille du Canada s'inquiète de la santé des migrants qui arrivent des États-Unis par grand froid, et demande à Ottawa de revoir l'accord qui empêcherait ces personnes de demander asile au pays.

Des centaines de migrants arrivant des États-Unis ont franchi la frontière terrestre canadienne depuis quelques semaines, notamment au Québec et au Manitoba. Ces migrants craignent que l'administration de Donald Trump ne les expulse des États-Unis.

Le président a adopté en janvier un décret qui interdit l'entrée aux États-Unis de ressortissants de sept pays à majorité musulmane. Ce décret a été suspendu ensuite par une Cour fédérale de district puis par trois juges de la Cour d'appel fédérale à San Francisco.

L'administration Trump a finalement annoncé jeudi son intention de reformuler son décret plutôt que de laisser les tribunaux trancher.

Selon le Collège des médecins de famille du Canada, l'incertitude causée par ce décret peut expliquer pourquoi des migrants mettent leur santé en péril en traversant au Canada à pied dans des conditions hivernales extrêmes. Des médecins de famille auraient ainsi accueilli des gens qui se présentent avec des engelures et des complications liées à une exposition au grand froid.

Le président du Collège, David White, rappelle aussi que l'organisme «s'oppose fortement à toutes les expressions de xénophobie et d'islamophobie».

«Notre organisation, ses membres et leurs patients proviennent de différentes religions, cultures et ethnicités, et ensemble, nous appuyons l'équité et la dignité pour tous», écrit le docteur White sur le site du collège, qui représente quelque 35 000 omnipraticiens canadiens.

En vertu de l'Entente canado-américaine sur les tiers pays sûrs, les revendicateurs du statut de réfugié doivent présenter leur demande dans le «pays sûr» d'entrée, à moins qu'ils n'aient droit à une exemption. S'ils réussissent à s'introduire au Canada, pour y être ensuite arrêtés, ils peuvent demeurer au pays le temps que leur demande de statut de réfugié y soit examinée.

Des groupes de défense des immigrants demandent à Ottawa d'abroger cette entente afin que les migrants qui veulent fuir les États-Unis puissent se présenter tout simplement à un poste frontalier, plutôt que de franchir la frontière de façon illégale au péril de leur santé et même de leur vie.

Le gouvernement fédéral a indiqué plus tôt ce mois-ci qu'il ne voyait pas la nécessité de modifier l'entente canado-américaine.