Au lendemain de son opération séduction sur les menus dans les CHSLD, le ministre de la Santé, Gaétan Barrette, n'écarte pas une hausse du budget consacré à l'alimentation dans ce réseau.

Il a toutefois rappelé que sa marge de manoeuvre était mince et que «le caviar» n'est pas pour demain dans les Centres d'hébergement et de soins de longue durée (CHSLD).

Cette sortie de M. Barrette survient après une activité tout aussi inusitée que controversée organisée mercredi. Il a alors convoqué les députés et les journalistes à une dégustation de repas préparés par des CHSLD dans la région de Québec, un modèle qu'il veut implanter sur tout le territoire québécois d'ici à la fin de 2018.

Il a reconnu que ce menu allait coûter en moyenne 0,20 $ de plus par repas - le coût moyen d'un repas était de 2,00 $ en 2015. Il avait dit mercredi qu'aucun réinvestissement n'était prévu pour la mise en place de ces nouvelles normes, mais jeudi, il s'est dit prêt à hausser la mise, tout en tempérant déjà les ardeurs.

«Je suis prêt à regarder les aménagements budgétaires, pour la qualité, a-t-il affirmé dans un point de presse jeudi matin avant la séance du caucus libéral. Mais il n'en reste pas moins que le réseau ne va pas se transformer demain matin. J'ai 300 millions de marge de manoeuvre, j'ai annoncé de l'argent dans les CHSLD, mais il y a d'autres secteurs où je dois investir.»

D'ailleurs, selon lui, l'activité de mercredi a déjà permis de démontrer clairement qu'il était possible de servir quelque chose de «bon, beau, nutritif, chaud», sans investir davantage. D'autant plus, a rappelé M. Barrette, que les besoins alimentaires des résidants des CHSLD ne sont pas ceux des athlètes.

«Ce qui est malheureux, c'est la perception des gens, qui attachent la qualité à un montant d'argent. Une personne âgée en perte d'autonomie ne se promène pas en vélo, ne soulève pas des haltères, elle a besoin d'un apport calorique moindre. L'enjeu est l'équilibre nutritionnel. Ces gens-là mangent peu. Quand bien même on mettrait 10 $ par repas, on n'est pas rendu à servir du caviar dans les CHSLD», a-t-il dit.

Le ministre a du reste soutenu que son nouveau modèle, qui concentre les achats et la production, produira des économies d'échelle, par l'achat de volumes plus important de denrées, ce qui permettra d'absorber les 0,20 $ supplémentaires par repas. Il a toutefois admis qu'il y aura des pertes d'emplois à long terme dans les services alimentaires des CHSLD, en raison de la concentration de la production.

M. Barrette envisage également une uniformisation des menus qui s'étendrait aux hôpitaux, en vue encore fois de réaliser des économies d'échelle.

Rappelons que le ministre vise à offrir au total 72 menus différents, afin d'assurer une grande diversité à la clientèle. Il a pris l'engagement de tout faire pour que cette réforme soit mise en place d'ici à l'automne 2018, soit juste à temps pour les élections générales.

L'annonce de mercredi résultait d'un projet impliquant divers professionnels du réseau de la santé de Québec, dont des nutritionnistes chargés d'élaborer des menus nutritifs, riches en protéines et adaptés à la clientèle.

À Montréal, les choses se compliqueront pour tenir compte des particularités culinaires ou religieuses associées aux résidants issus des communautés culturelles, a convenu le ministre, conscient qu'«on aura des ajustements à faire». On devra songer par exemple à offrir des repas casher ou halal, version solide ou molle.