Devant l'approche «morcelée» des soins palliatifs au Canada, divers intervenants discutent cette semaine à Ottawa de la pertinence d'adopter un plan national dans ce dossier.

Les participants à la Conférence nationale sur l'importance des soins palliatifs tenteront de dégager un «consensus» et de recommander aux différents paliers de gouvernement les grandes lignes d'une stratégie nationale sur la question.

Car les besoins vont en augmentant, et les ressources sont rares, a expliqué en entrevue Ghislain Savoie, fondateur du centre de soins palliatifs La maison Mathieu Froment-Savoie, du nom de son fils décédé.

L'an dernier, la maison située à Gatineau a reçu 750 demandes d'accompagnement de fin de vie, mais a dû rejeter pas moins de 500 d'entre elles, faute d'espace et de ressources, a-t-il déploré.

«Le seul commentaire négatif que j'ai entendu (...) sur la maison, c'est le manque de lits», a-t-il illustré.

Pire, dans de nombreuses régions du pays, il n'y a tout simplement aucun centre de soins palliatifs.

«Imaginez-vous une région où il n'y a pas de maison comme celle de Mathieu Froment-Savoie. Ici, on a ça, et encore, ça ne fournit pas à la demande tellement la population vieillit et les besoins sont plus grands», a-t-il noté.

Le groupe d'experts, citoyens et bénévoles qui se réunit cette semaine n'a pas encore de demande précise à faire en termes d'argent et de stratégie concrète. M. Savoie, qui fait partie du «panel de citoyens» formé pour l'occasion, aimerait toutefois voir davantage de sensibilisation sur le sujet auprès de la population en général.

Il croit également qu'il devrait y avoir plus d'investissements en recherche et dans la formation de médecins dans ce domaine, de même que dans les infrastructures d'accueil.

L'accent pourrait également être mis sur les soins à domicile, alors qu'un grand nombre de patients souhaitent vivre leurs derniers jours chez-eux. Le gouvernement de Justin Trudeau a d'ailleurs promis en campagne électorale une enveloppe de 3 milliards $ sur quatre ans pour les soins à domicile à travers le pays. Pour l'instant, la somme n'a toujours pas été versée, les provinces et le fédéral étant encore en discussions sur les transferts en santé.

Québec reproche notamment à Ottawa de vouloir dicter les modalités du versement des sommes allouées, et s'indigne que la hausse des transferts en santé passe de 6 à 3 pour cent.

L'événement est organisé par le Covenant Health, un organisme de soin de santé catholique implanté en Alberta. Covenant Health a d'ailleurs défrayé les manchettes parce que l'organisme refuse de fournir dans ses installations l'aide médicale à mourir, désormais possible grâce à l'adoption du projet de loi C-14, qui a reçu la sanction royale le 17 juin dernier.

Les patients qui réclament l'aide médicale à mourir sont plutôt transférés vers les hôpitaux. Selon M. Savoie, c'est une façon de faire répandue, y compris au Québec.

«La plupart des maisons de soins palliatifs au Québec ont opté pour ne pas l'offrir. Peut-être que ça va venir avec le temps», a-t-il suggéré.

Le panel de citoyens doit formuler une «déclaration de consensus», qui sera ensuite analysée par le Conference Board du Canada, qui présentera à son tour un rapport sur le sujet d'ici le printemps 2017.