Les médecins pourraient bénéficier d'un autre rattrapage salarial. Le ministre de la Santé, Gaétan Barrette, a dit mardi qu'il serait ouvert à leurs arguments.

Il a lancé lundi une nouvelle ronde de négociations avec les deux fédérations médicales en vue de renouveler l'entente de rémunération de 2006 échue depuis mars 2015.

Il a alors laissé entendre que tout était sur la table, même les hausses convenues pour les prochaines années en rattrapage, puisque selon lui les médecins québécois sont maintenant à parité avec leurs confrères et consoeurs des autres provinces, tableau à l'appui. Il craignait même que les professionnels du Québec finissent par dépasser les autres.

Mardi cependant, M. Barrette n'a pas fermé la porte à un autre rattrapage. Si les fédérations font la démonstration que l'écart salarial avec leurs homologues des autres provinces risque de s'accroître avec les nouvelles offres du gouvernement, le ministre pourrait leur donner raison.

«C'est exactement ça, une négociation, a-t-il répondu à la question d'un journaliste, en point de presse avant d'entrer à la séance du caucus libéral. C'est sûr que je vais recevoir les arguments rationnels démontrés de façon positive au sens de l'argumentaire, et on conclura, mais ça, cela s'appelle une négociation.»

Il a rappelé qu'une bonne négociation doit tenir compte de l'intérêt des deux parties, avec une conclusion qui leur est favorable.

À la période de questions à l'Assemblée nationale, le premier ministre Philippe Couillard a pour sa part écarté la possibilité d'un gel de la rémunération des médecins, tel que préconisé autant par le Parti québécois que par la Coalition avenir Québec.

«Un gel est une erreur, parce qu'il va y avoir une augmentation du nombre de médecins au cours des prochaines années, et je ne crois pas que ce soit une bonne façon de commencer un processus de négociation», a-t-il répondu à une question du chef de l'opposition officielle, Jean-François Lisée.

Le chef péquiste a reproché au ministre de la Santé son «offre de départ» dans ces négociations à venir, qui serait une hausse de 2,5 % par année.

«Savez-vous ça fait combien par médecin, ça? Neuf mille dollars par année, a estimé M. Lisée en Chambre. Est-ce que ce n'est pas déjà trop?»

M. Barrette est la «dernière personne» à qui on devrait confier ces négociations, a dénoncé le chef de l'opposition, puisqu'il a été l'artisan des ententes auxquelles il demande de renoncer.

Gaétan Barrette était en effet président de la Fédération des médecins spécialistes (FMSQ) lors de la signature de l'entente en 2006 et ministre de la Santé en 2014 lors de l'entente sur l'étalement de la hausse de la rémunération prévue jusqu'en 2021-2022.

Lundi, le ministre a à la fois remis en cause l'entente sur l'étalement, mais aussi la clause remorque, qui leur assure d'obtenir les mêmes hausses salariales que celles accordées aux employés de l'État.

Autant la Fédération des médecins omnipraticiens (FMOQ) que la FMSQ ont contesté la position du gouvernement et ont rappelé l'importance de respecter les ententes conclues «de bonne foi».

Depuis cinq ans, la rémunération des médecins spécialistes a fait un bond de 37 %, et celle des médecins de famille, de 26 %.

L'an dernier, les médecins ont reçu au total 7,3 milliards $ de l'État québécois, dont plus de 4,6 milliards $ sont allés aux médecins spécialistes.

À ce rythme, M. Barrette a dit lundi craindre que les médecins québécois en viennent à dépasser la moyenne canadienne au chapitre de la rémunération.

En 2021, en vertu de l'étalement, les quelque 20 000 médecins québécois se partageront, en principe, environ 9 milliards $.