Devant les lacunes dans les soins offerts aux enfants des Premières Nations sur les réserves, la ministre des Affaires autochtones et du Nord, Carolyn Bennett, affirme qu'elle «n'acceptera rien de moins que la révision systémique» des services à l'enfance et à la famille.

Ottawa a nommé jeudi la professeure Cynthia Wesley-Esquimaux à titre de représentante spéciale à la ministre, pour dialoguer avec les provinces et territoires - qui fournissent ces soins - ainsi qu'avec les représentants des Premières Nations à travers le pays.

«En ce moment, nous (le fédéral) payons, les provinces livrent et les enfants ne vont pas bien. Notre travail est d'engager les provinces et les territoires à changer la façon dont les services sont livrés», a soutenu la ministre en point de presse.

Selon Mme Bennett, il y a plus d'enfants autochtones pris en charge par l'État aujourd'hui qu'au plus fort des écoles résidentielles.

«Écouter les enfants pris en charge vous briserait le coeur, ce qu'ils ont subi comme abus, comment ils ont été séparés de leurs frères et soeurs. Ce sont toutes des choses horribles qui sont (aussi) arrivées dans les écoles résidentielles», a-t-elle insisté.

Son annonce survient alors qu'Ottawa est pointé du doigt pour sa piètre gestion de la situation. En janvier, le Tribunal canadien des droits de la personne ordonnait la fin de la discrimination à l'égard des enfants autochtones. Le Tribunal avait conclu que le fédéral n'offrait pas des services aux enfants vivant sur les réserves à la hauteur de ceux fournis à l'extérieur des réserves

Selon la ministre, Ottawa est parvenu à «réduire l'écart», grâce à d'importants investissements en 2016. Elle croit que le Tribunal veut maintenant qu'Ottawa refaçonne le système, et c'est ce qu'elle souhaite entreprendre.

Mais la ministre Bennett laisse entendre que les libéraux ne voteront probablement pas en faveur d'une motion néo-démocrate qui demande un investissement immédiat de 155 millions dans des mesures de bien-être aux enfants. Cette motion était justement débattue aux Communes, jeudi. Les élus voteront sur la question la semaine prochaine.

Dans sa motion, le Nouveau Parti démocratique (NPD) somme notamment le gouvernement de respecter la décision du Tribunal et de mettre en oeuvre le principe de Jordan. Ce principe vise à s'assurer que les enfants des Premières Nations ne font pas les frais des disputes bureaucratiques. Selon Mme Bennett, 900 enfants des Premières Nations de plus reçoivent désormais des services auxquels ils n'auraient auparavant pas eu droit, selon une interprétation plus stricte de ce principe.