Le gouvernement n'a pas l'intention de restreindre l'accès aux chambres d'hôpital à des groupes spécifiques, des disciples de religions, a indiqué hier le ministre de la Santé, Gaétan Barrette.

« Vous me demandez de statuer sur les visites qu'une personne peut recevoir de son entourage. Vous allez loin », a soutenu M. Barrette en point de presse. M. Barrette a reconnu toutefois que comme médecin, il avait déjà été confronté à des représentations de Témoins de Jéhovah envers des patients.

Plus tôt à l'Assemblée nationale, le député caquiste Simon Jolin-Barrette avait réclamé que Québec confère clairement aux hôpitaux le droit de restreindre l'accès aux malades. En outre, un juge devrait être appelé à intervenir pour évaluer si un patient refuse à bon droit un traitement dont sa vie peut dépendre, a proposé le député caquiste de Borduas.

La jeune Éloïse Dupuis, morte la semaine dernière à l'Hôtel Dieu de Lévis, avait refusé une transfusion sanguine parce qu'elle était une disciple des Témoins de Jéhovah. Or, peu de temps avant sa mort, la jeune femme avait eu, à l'hôpital, la visite de membres haut placés de la secte. Ce « Comité de liaison hospitalier des Témoins de Jéhovah » avait exercé des pressions sur la jeune femme pour qu'elle se conforme au dogme et refuse de recevoir du sang. Le Soleil a rapporté hier que des proches de Mme Dupuis avaient indiqué que des membres de ce groupe s'étaient trouvés dans la chambre de la jeune mère jusqu'aux dernières heures de sa vie.

« Nous savons qu'une police du sang est présente dans les hôpitaux québécois », estime Simon Jolin-Barrette, député caquiste de Borduas.

« [Cette police du sang] fait pression sur les patients et leur famille, qu'elle interdit l'accès aux gens qui ne sont pas membres des Témoins de Jéhovah à la chambre du patient », a dénoncé M. Jolin-Barrette. Selon lui, l'accès aux malades hospitalisés devrait relever de l'établissement. Pas question de laisser la « police du sang » contrôler l'accès aux chambres.

« On dépasse certaines bornes »

Selon Gaétan Barrette, il est bien exagéré de parler de « police du sang » ; l'opposition voudrait, en fait, instaurer une « police des visites ». Or, le malade est « autonome dans son choix qui doit être fait de façon indépendante ». C'est une « situation qui est dramatique ».

« Mais de là à utiliser des propos incendiaires, quand on parle de "police du sang", je pense que là, on dépasse certaines bornes », estime Gaétan Barrette.

Un coroner se penche sur les circonstances de ce décès. 

Pour la députée péquiste Agnès Maltais, pas besoin d'un juge. « Des décisions sur le consentement libre et éclairé des patients, il s'en prend quotidiennement par les médecins, et ça fait face, en général, à ce genre de situation. Nous ne sommes pas non plus d'accord avec la position qui dit qu'ils puissent attaquer les médecins. Les médecins font leur travail. Dans ce cas-ci particulièrement, nous savons très bien qu'il y a eu des avocats, il y a eu un comité d'éthique et il y a eu des médecins qui sont intervenus », a-t-elle résumé.