La tuberculose a été diagnostiquée chez un travailleur d'une entreprise de Montréal à l'automne 2015, ce qui a amené la Direction de la santé publique à tenir une rare opération de dépistage d'envergure dans son milieu de travail. Les examens ont conclu que 63 % des 227 employés testés sont porteurs de la tuberculose sous forme latente. S'ils ne sont pas contagieux, ces travailleurs présentent un taux d'infection plus élevé que dans la population générale.

La tuberculose est une maladie à déclaration et à traitement obligatoires au Québec. À la suite du signalement du travailleur infecté l'automne dernier, la Direction de la santé publique (DSP) de Montréal a mené une première enquête auprès du cercle rapproché de la personne et a remarqué « une transmission très importante » de la maladie. Étant donné cette situation, l'enquête a été étendue au milieu de travail de l'individu infecté.

Durant neuf mois, des tests ont été menés sur 227 employés de l'entreprise visée. Responsable médicale au service Infections et interventions dans la communauté à la DSP de Montréal, la Dre Noémie Savard explique que chez les travailleurs de cette entreprise qui étaient nés au Canada, 43 % ont été trouvés porteurs de la forme latente de tuberculose. 

« C'est plus que ce qui est attendu, soit une proportion d'environ 7 à 13 % », constate la Dre Noémie Savard.

Chez les travailleurs nés à l'étranger, 69 % ont été trouvés porteurs de la tuberculose alors que la cible attendue est de 53 % à 61 %.

Ces pourcentages « appuient l'hypothèse d'une transmission de l'infection en milieu de travail », peut-on lire dans un rapport publié ce mois-ci par la santé publique. La Dre Savard précise toutefois qu'il est impossible de conclure que tous ces employés ont été infectés sur leur lieu de travail. Certaines personnes ayant reçu un vaccin contre la tuberculose ont pu par exemple présenter un test positif. « D'autres personnes pourraient aussi avoir contracté la maladie plus tôt dans leur vie », dit-elle.

Joint par La Presse le mois dernier, le président de l'entreprise dit avoir été « surpris » d'apprendre que la tuberculose était « plus répandue qu'on ne le croit » encore aujourd'hui. « On a collaboré avec la santé publique. On a été proactif. À ce jour, aucun autre cas actif de tuberculose n'a été diagnostiqué », a-t-il déclaré.

Opération rare pour une maladie rare

Au cours des 10 dernières années, la DSP de Montréal a dû intervenir une cinquantaine de fois dans des milieux de travail pour dépister la tuberculose. Mais seulement trois interventions ont visé plus de 100 personnes. « Par l'envergure, l'opération de dépistage que nous venons de mener est assez rare », confirme la Dre Savard.

Médecin spécialisée en santé publique, la Dre Sandra Palmieri explique que la tuberculose est liée à une bactérie et s'attrape par contact prolongé avec une personne infectée. « On ne peut pas l'attraper simplement en touchant la même poignée de porte qu'une personne contagieuse ou en lui donnant un bec. Ça prend un contact plus long, de plusieurs heures ou jours », note-t-elle.

Il est possible d'être porteur de la tuberculose sans en avoir les symptômes ou être contagieux. « Environ neuf personnes sur dix avec la forme latente ne développeront aucun symptôme de la maladie durant leur vie », explique la Dre Palmieri.

Pour les 10 % restants, des symptômes apparaissent, souvent dans les deux premières années suivant l'infection. Les symptômes sont multiples, mais touchent souvent les poumons. Il peut s'agir aussi d'une toux importante qui dure depuis plus de trois semaines, d'une perte d'appétit, de fièvre ou de sueurs nocturnes. Une centaine de cas actifs sont dépistés chaque année dans la métropole. Les personnes atteintes de tuberculose sont traitées par antibiotiques pendant six mois.

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Nombre de cas de tuberculose actifs à Montréal



2010 : 132

2011 : 101

2012 : 108

2013 : 122

2014 : 97

2015 : 118

Source : Directeur de la santé publique