L'abolition des frais accessoires annoncée par Québec entraînera des changements de pratique et fera place à de nouvelles négociations avec le gouvernement, selon les fédérations médicales. De leur côté, les partis d'opposition se disputent le mérite d'avoir fait reculer le gouvernement dans le dossier. Voici leur réaction.

FMSQ: « Il est exact de dire que la fédération s'est engagée à assumer une partie des frais accessoires. Mais avant de signer un chèque en blanc, il faut voir ce qu'on met dans la liste. On va faire notre part, mais il faut s'asseoir avec le ministre et voir de quoi on parle. Les médecins, vous savez, n'étaient pas heureux de ce bourbier. Oui, on sait qu'il y a eu des abus, et on veut que ça cesse au plus vite. Il y a des services qui seront difficiles à relocaliser parce qu'il n'y a pas de place dans le réseau », comme pour la coloscopie. - La présidente de la FMSQ, Diane Francoeur, qui déplore que le coût des équipements lourds ne soit pas pris en compte par Québec

FMOQ: « Pour les médecins de famille, les principaux frais accessoires, ce sont pour la vasectomie. On va aller chercher des mandats politiques pour régler ce dossier-là. Parce que si je ne compense pas ces frais-là, il ne s'en fera plus en cabinet. (...) On a des grosses préoccupations par rapport aux médicaments. Les médecins pouvaient les facturer. Ce n'est pas vrai qu'on va assumer le frais des médicaments alors que c'est déjà assumé par le régime public ou le régime privé. On va devoir regarder ça. » - Le président de la FMOQ, Louis Godin, qui demande une hausse du tarif payé par la RAMQ pour la vasectomie en puisant les fonds nécessaires ailleurs dans la rémunération. Il y a 8000 vasectomies dans les cabinets chaque année. Pour les médicaments, il laisse entendre que les patients devront les avoir achetés à la pharmacie avant d'être traités par le médecin. 

Ce qu'en dit l'opposition

PQ: « C'est une victoire pour le Parti québécois. Le ministre de la Santé a reculé. Il a entendu ce que j'ai défendu pendant des mois. (...). Ce qui est préservé (...) c'est un accès équitable à notre système de santé parce qu'il y avait vraiment une iniquité. Payer 100 $ ou 200 $ pour des gouttes pour les yeux, ça voulait dire qu'il y avait des Québécois qui n'avaient pas l'argent, et donc pas l'accès à ces services essentiels. » - La députée du Parti québécois et porte-parole en matière de santé, Diane Lamarre

CAQ: « Je suis content de voir que le Dr Barrette recule. Je veux lire le règlement avant de me réjouir trop, mais disons que c'est un bon pas dans la bonne direction. Je suis content que le Dr Barrette, encore une fois, copie une proposition de la CAQ. » - Le chef de la Coalition avenir Québec, François Legault

QS: « Après s'être fait tirer les oreilles par la Vérificatrice générale et par les groupes populaires qui ont bien mis en relief le caractère scandaleux des frais accessoires, M. Barrette a été forcé d'agir. (...) Ça fait 15 ans que les mouvements sociaux, et, plus récemment, Québec solidaire, pressent les gouvernements péquiste et libéral de légiférer contre les frais accessoires. » - Le député de Québec solidaire, Amir Khadir

Avocat en droit de la santé: « Gaétan Barrette n'avait absolument pas le choix. Dans la mesure où le fédéral décide de faire appliquer la loi canadienne sur la santé qui interdit la surfacturation, Québec s'exposait à des coupures. C'est un gain important pour les patients, mais ce n'est pas un cadeau qu'il fait. Ce qui n'est pas acceptable, c'est que ça fait au moins 10 ans que la situation était connue de tous, et surtout de lui (M. Barrette), et pendant 10 ans, on n'a rien fait pour arrêter ça. J'attends de voir le projet de règlement. Car il nous a déjà annoncé de grandes avancées et quand on voit les textes, on s'aperçoit que ce n'est pas ça. » - L'avocat en droit de la santé, Jean-Pierre Ménard, qui avait déposé en mai un recours judiciaire pour faire cesser « la pratique illégale des frais accessoires ».