Plusieurs Canadiens inadmissibles à l'aide médicale à mourir selon la nouvelle loi fédérale sont prêts à en contester la constitutionnalité.

L'Association des libertés civiles de la Colombie-Britannique (BCCLA) - le fer de lance de la contestation - s'est dite submergée d'offres de soutien à sa demande d'aide, a indiqué sa directrice du contentieux, Grace Pastine.

L'organisation s'est dite également surprise par l'appui obtenu dans sa campagne d'autofinancement visant à payer les coûts juridiques de la contestation.

La démarche est effectuée au nom d'une seule plaignante pour l'instant: Julia Lamb, une femme âgée de 25 ans atteinte d'amyotrophie spinale, une maladie neurodégénérative progressive.

La BBCLA dit avoir atteint son objectif de récolter 75 000 $ en 10 jours. À la date du 5 septembre, la campagne avait permis d'amasser 77 130 $ provenant de 622 donateurs.

Selon Mme Pastine, cela démontre comment «cet enjeu est important et personnel pour un grand nombre de Canadiens».

Toutefois, la BCCLA - qui avait contesté devant la Cour suprême l'ancienne loi interdisant toute aide médicale à mourir - aura besoin de beaucoup plus d'argent si elle veut être en mesure de faire face au gouvernement fédéral.

Le précédent gouvernement conservateur avait dépensé au moins 3,3 millions $ pour défendre l'ancienne loi, selon un document obtenu grâce à la Loi d'accès à l'information.

L'actuel gouvernement Trudeau a déjà exprimé son intention de défendre vigoureusement sa nouvelle loi, affirmant que celle-ci établit un équilibre entre l'autonomie des personnes et la protection des plus vulnérables.

«Le gouvernement précédent a dépensé des millions de dollars des contribuables pour défendre en vain une loi qui a causé d'incommensurables souffrances tout en passant outre à la Charte des droits, a soutenu la chef de direction de l'organisme Dying with Dignity Canada, Shanaaz Gokool. On se demande pourquoi l'actuel gouvernement - qui s'est engagé à défendre la Charte - veut adopter la même stratégie malavisée.»

Adam Maier-Clayton, un homme de 26 ans de Windsor, en Ontario, qui souffre de plusieurs maux psychosomatiques en raison d'une maladie mentale, est l'un de ceux qui sont prêts à participer à la contestation, à titre de plaignant ou de témoin.

«Je veux avoir le droit de mettre un terme aux souffrances qui me tourmentent quotidiennement, a-t-il dit. Mais plus que tout, je veux participer, car tous les Canadiens devraient avoir ce droit, le droit de décider de mettre fin aux souffrances chroniques, incurables.»

M. Maier-Clayton a affirmé que si le gouvernement décidait d'appliquer la nouvelle loi, il ne resterait qu'une seule solution: le suicide.

Une Québécoise a récemment choisi cette voie douloureuse. Hélène L., une dame de 70 ans souffrant de sclérose en plaques qui n'était pas admissible à l'aide à mourir, s'est laissée mourir de faim - refusant de boire et de manger pendant 14 jours. Le ministre de la Santé du Québec, Gaétan Barrette, avait dénoncé la situation, affirmant qu'elle avait poussé la patiente vers un choix «cruel et inhumain».

Le porte-parole du Nouveau Parti démocratique en matière de justice, Murray Rankin, a dit que le gouvernement fédéral avait laissé tomber les personnes comme Hélène L. et M. Maier-Clayton. «Il semble insensible à leurs souffrances, les souffrances réelles auxquelles sont soumis ces gens», a-t-il déploré.