Une infirmière auxiliaire a écopé d'une radiation de cinq mois de son ordre professionnel pour ne pas être « intervenue promptement » auprès de deux patientes inconscientes, dont une est finalement morte.

Dans ce dernier incident, Carine Rioux n'a pas pris le pouls de la résidante et n'a tenté aucune manoeuvre respiratoire en attendant les ambulanciers, même si elle savait qu'elle ne respirait plus.

Les gestes reprochés à l'infirmière auxiliaire Carine Rioux sont « graves et très sérieux » et se « situent au coeur même de l'exercice de la profession d'infirmière auxiliaire », soutient le Conseil de discipline de l'Ordre des infirmières et infirmiers auxiliaires du Québec dans une décision du 19 août.

Le 20 mars 2015, l'infirmière auxiliaire travaillait à la réception de la résidence Les Jardins de la Noblesse, à Québec, et était responsable de répondre aux appels d'urgence. À 20 h 30, le conjoint d'une résidante de la section des personnes semi-autonomes a informé Mme Rioux que sa femme s'était cogné la tête en tombant et avait besoin d'assistance.

Après avoir d'abord dépêché une préposée aux bénéficiaires, l'infirmière auxiliaire s'est rendue à l'appartement et a appelé au 9-1-1. Or, elle n'a pas pris les signes vitaux de la résidante, pourtant affalée au sol. C'est seulement lorsque la résidante a commencé à respirer bruyamment que l'infirmière auxiliaire s'est rendue à son chevet pour constater qu'elle était en arrêt respiratoire. Jamais elle n'a entamé de manoeuvres pour tenter de lui sauver la vie. Le Conseil de discipline ne s'est pas prononcé sur la responsabilité de l'infirmière auxiliaire dans la mort de la femme.

DEUXIÈME INCIDENT

Un mois plus tard, Carine Rioux a reçu à nouveau un appel d'urgence provenant de la section des personnes semi-autonomes de la résidence. L'infirmière auxiliaire a constaté que la résidante respirait difficilement, mais ne lui a prodigué aucun soin. Carine Rioux a alors délégué à la réceptionniste la « responsabilité de demeurer auprès de la résidante » et est redescendue à la réception.

Vingt minutes après l'appel initial, la réceptionniste a appelé au 9-1-1 pour demander de transférer la patiente à l'hôpital. Son état de santé n'a pas été spécifié.

PANIQUE

Carine Rioux a expliqué au conseil de discipline qu'elle avait « paniqué » lors de ces deux incidents et a dit regretter ses gestes. Selon le conseil de discipline, le risque de récidive de Carine Rioux est « minime » puisqu'elle a suivi une formation de réanimation cardiorespiratoire (RCR) en février 2016. L'infirmière auxiliaire était pourtant membre de son ordre professionnel depuis trois ans au moment des faits.

Carine Rioux a été suspendue 15 jours sans solde en avril 2015. La résidence Les Jardins de la Noblesse attendait la décision du Conseil de discipline avant de trancher le cas de son employée syndiquée, rétrogradée depuis un an à un poste de préposée aux bénéficiaires.

« Au niveau des résidants, la confiance n'est plus là. Si elle veut exercer son métier d'infirmière auxiliaire, ce ne sera pas chez nous. À moins qu'elle demeure aux "cuisines" », explique Gilles Bellavance, responsable des relations de travail.

Extrait de la décision du Conseil de discipline de l'Ordre des infirmières et infirmiers auxiliaires du Québec : 

« L'enquête de la Syndique adjointe révèle que madame Rioux n'a pas pris les signes vitaux et n'est pas intervenue auprès de la résidante qui présentait une détresse respiratoire. »