Dans un rapport publié mercredi, l'Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) conclut que le risque de transmission du virus Zika au Québec est actuellement «négligeable». Toutefois, les auteurs de l'étude préviennent que «des conditions favorables sont présentes pour craindre l'émergence et la transmission du virus Zika à long terme» dans la province.

Notamment, des populations de moustiques transmettant le virus Zika «ont été documentées dans des États américains limitrophes au Québec» et les changements climatiques prévus pour les prochaines années pourraient à terme être favorables à la transmission du virus dans le sud de la province.

Un virus inquiètant

Le virus Zika, qui se transmet aux humains principalement par piqûre de moustique et par relation sexuelle, est apparu dans les Amériques en 2015 et touche actuellement 35 pays des Caraïbes, d'Amérique centrale et du Sud.

Si de 70 à 80% des personnes infectées ne présentent aucun symptôme, d'autres ont de la fièvre, des éruptions cutanées, des maux de tête et de la fatigue, entre autres. Le virus peut aussi susciter des complications neurologiques comme le syndrome de Guillain-Barré et des anomalies congénitales chez les enfants nés de femmes contaminés en cours de grossesse, la plus troublante étant les cas de microcéphalies.

Le Québec peu à risque... pour l'instant

«L'infection à virus Zika se transmet par les moustiques de genre Aedes», dont Ae. aegypti et Ae. albopictus, est-il écrit dans le rapport de l'INSPQ. Pour se répliquer chez ces moustiques, le virus Zika doit bénéficier d'un environnement où les températures sont élevées.

Selon les hypothèses les plus sérieuses, le virus Zika a besoin d'une période d'incubation de 7 à 15 jours au cours desquels la température doit se maintenir au-dessus de 22 °C pour survivre. Or, de 2004 à 2015, la «température moyenne rapportée la plus élevée» était de 26,3 °C (minimum 16,9 °C, maximum 36,0 °C) en Montérégie. «C'est donc dire qu'il n'existe qu'une faible probabilité que la température se maintienne pendant plusieurs jours consécutifs au-delà d'un seuil minimal de 22 °C», note le rapport. «Le climat actuel n'est pas favorable à l'émergence et à l'amplification du virus», écrivent les chercheurs de l'INSPQ, qui concluent que le risque de transmission du virus Zika est actuellement négligeable au Québec.

Le spectre des changements climatiques

Les scientifiques mettent toutefois un bémol. Car des populations de moustiques Ae. albopictus sont présentes près de la frontière américaine, plus précisément dans les États du Vermont, de New York et du New Hampshire. «Il existe une probabilité d'introduction ponctuelle de spécimens adultes de moustiques vecteurs et du virus Zika dans la province», disent les chercheurs, qui ajoutent que des modèles scientifiques «qualifiés de conservateurs prédisent que le climat appréhendé pour un horizon de 2011-2040 permettrait l'introduction d'Aedes albopictus dans le sud du Québec».

La température seuil de 25 °C pourrait alors «être atteinte pour la durée de la période d'incubation du virus au sud du Québec en raison des changements climatiques». Des risques de mutations du virus sont aussi possibles.

L'INSPQ annonce donc qu'elle poursuivra la veille scientifique sur le virus Zika. Elle recommande que l'infection au virus soit ajoutée à la liste des maladies à déclaration obligatoire au Québec et que des études soient menées sur «la capacité d'Aedes albopictus à survivre au climat du sud de la province».

Des cas en hausse

Le nombre de cas de Zika au pays augmente tranquillement depuis l'apparition du virus au Brésil en 2015. En tout, 126 cas de personnes ayant contracté le virus Zika, dont 20 Québécois, ont été recensés depuis au Canada.

De ce nombre, une seule personne a contracté le virus à la suite d'une relation sexuelle avec une personne infectée, confirme l'Agence de la santé publique du Canada. Les autres ont contracté le virus lors d'une visite dans un pays touché par l'épidémie.

Si, pour l'instant, le risque de voir le virus Zika se transmettre par des moustiques sur le sol québécois est faible, les chercheurs rappellent que «la majorité des Québécois n'a jamais été exposée au virus Zika et n'a donc pas d'immunité développée contre ce virus. L'introduction du virus dans une telle population pourrait avoir des conséquences épidémiques importantes en termes de propagation de l'infection».

En cas d'éclosion de Zika au Québec, la plupart des personnes touchées ne présenteraient pas de symptômes. Mais selon les projections de l'INSPQ, le nombre de naissances de bébés atteints de microcéphalie, qui est actuellement de 36 pour 87 700 naissances par année au Québec, augmenterait pour atteindre de 175 à 578 naissances par année.

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Mesures préventives

Québec recommande aux femmes enceintes ou qui planifient une grossesse de reporter tout voyage prévu dans un pays où il y a transmission du virus Zika.