Des employés de l'hôpital de Saint-Eustache craignent que sous prétexte d'uniformiser les pratiques avec le reste du réseau de la santé, une initiative unique qui a contribué à diminuer le nombre d'infections chez les patients ne soit éliminée.

Depuis 2005, l'hôpital de Saint-Eustache a modifié sa procédure de désinfection des chambres. Lors du départ ou du transfert d'un patient, l'équipe d'hygiène et salubrité de l'hôpital gère entièrement le processus de nettoyage et de désinfection de la chambre. Ces employés s'occupent également de changer la literie. Dans les autres hôpitaux de la province, les préposés aux bénéficiaires gèrent cette tâche dite « d'hôtellerie ».

En confiant toutes les tâches de nettoyage à une seule équipe, l'hôpital de Saint-Eustache voulait « faciliter la gestion des lits en limitant le nombre d'intervenants lors d'un départ », est-il écrit dans un rapport d'intervention réalisé en janvier 2013 par la firme Raymond Chabot Grant Thornton.

Cette façon de faire a permis de réduire de moitié le temps nécessaire pour nettoyer les chambres à l'hôpital de Saint-Eustache, selon la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS-CSN).

Or dernièrement, le Centre intégré de santé et de services sociaux (CISSS) des Laurentides a entrepris une « réflexion » dans le but « d'améliorer l'utilisation des ressources consacrées à l'hygiène et la salubrité à l'hôpital de Saint-Eustache ».

Comparativement aux autres hôpitaux du territoire, l'hôpital de Saint-Eustache dispose de quatre employés de plus dans le service d'hygiène et salubrité.

La porte-parole du CISSS, Myriam Sabourin, assure que la réflexion « n'est pas terminée et n'a mené à aucune décision ».

Mais le vice-président de la FSSS-CSN, Guy Laurion, craint que des postes en hygiène et salubrité ne soient supprimés. « On se concentre sur l'argent, plutôt que de voir l'impact positif de cette mesure, déplore-t-il. On semble vouloir niveler vers le bas. »

M. Laurion estime qu'avec les réformes en santé, le gouvernement standardise vers le plus bas dénominateur commun. « On ne tient pas compte des initiatives locales », déplore-t-il.

PAS DE SUPPRESSION DE POSTE DÉCIDÉE

Mme Sabourin assure qu'aucune coupe de poste n'a encore été décidée et que l'objectif de la réflexion est de s'assurer de « l'utilisation judicieuse » des ressources et de la « performance de nos façons de faire ».

Mme Sabourin reconnaît que l'hôpital de Saint-Eustache « performe bien en matière de prévention et de contrôle des infections ». Selon elle, plusieurs raisons sont en cause, dont l'organisation du travail, mais aussi le renforcement de l'hygiène des mains, l'application de mesures d'isolement plus encadrées lors d'éclosions ainsi que l'application d'une politique de gestion des antibiotiques.

Mme Sabourin explique que la réflexion du CISSS des Laurentides se « poursuivra tout au long de l'été ». « Nous ne prendrons aucune décision qui nous ferait perdre ces acquis », dit-elle.

En chiffres

Entre 15 et 20

Nombre de minutes nécessaires pour réaliser les tâches « d'hôtellerie » dans une chambre de l'hôpital de Saint-Eustache

20 120 

Nombre de départs de patients enregistrés annuellement

5000

Nombre d'heures par année consacrées aux tâches d'hôtellerie