La Société canadienne du sang et Héma-Québec pourront accepter des dons de sang provenant d'hommes dont la dernière relation sexuelle avec un autre autre homme remonte à plus d'un an.

Santé Canada explique avoir accepté de modifier les licences des deux organismes après un «examen rigoureux des plus récentes données scientifiques». La Société canadienne du sang et Héma Québec avaient soumis leur demande de modification de licence en mars.

Jusqu'à maintenant, la période d'exclusion pour les hommes ayant eu au moins une relation homosexuelle était de cinq ans. Le changement entrera en vigueur à compter du 15 août, précise la Société canadienne du sang.

«Il s'agit d'un pas dans la bonne direction, a dit la ministre de la Santé Jane Philpott. Nous souhaitons être en mesure de baser nos refus (à des potentiels donneurs) en fonction du comportement et non de l'orientation sexuelle», a-t-elle ajouté.

Santé Canada a par ailleurs annoncé que 3 millions $ seront versés aux agences de transfusions sanguines pour qu'elles puissent atteindre les objectifs évoqués par la ministre.

Le ministère de la Santé a souligné que le «passage d'une période d'exclusion à vie à une période d'exclusion de cinq ans n'avait pas donné lieu à une augmentation des dons de sang contaminé par le VIH». En fait, il rappelle qu'il n'y a eu aucun cas d'infection par le VIH par transfusion sanguine au pays depuis 25 ans.

Plusieurs pays, dont les États-Unis, la France, l'Angleterre et l'Australie, ont ramené de cinq ans à un an la période d'exclusion pour les hommes ayant eu des relations sexuelles avec d'autres hommes.

Héma-Québec s'est réjouie de la décision de Santé Canada.

«La démonstration est faite que l'implantation d'une exclusion temporaire à cinq ans en 2013 n'a eu aucune incidence sur la sécurité du système transfusionnel. Les données récentes en matière de sécurité transfusionnelle permettent aujourd'hui de revoir la politique d'interdiction appliquée aux hommes ayant eu une relation sexuelle avec un autre homme. Un tel changement est scientifiquement justifié et ne mettra aucunement en péril le très haut niveau de sécurité des produits sanguins», a souligné Marc Germain, vice-président aux affaires médicales à Héma-Québec, par voie de communiqué.

Héma-Québec ajoute qu'il «est légitime et nécessaire d'interdire le don de sang chez certains groupes à risque pour les infections transmissibles par la transfusion».

La Société canadienne du sang a elle aussi applaudi la décision de Santé Canada.

«Il s'agit d'une étape importante de notre processus de révision de cette politique fondée sur des données scientifiques, avait déclaré Graham Sher, chef de la direction, par voie de communiqué. Nous souhaitons appliquer les critères d'admissibilité les moins restrictifs possible, tout en maintenant l'innocuité des produits sanguins.»

L'organisme dit étudier «la possibilité de sélectionner les donneurs selon leurs comportements».

Certaines associations souhaiteraient qu'aucun délai ne soit prescrit pour les homosexuels désireux de donner du sang. C'est le cas de la Société canadienne du sida, qui défend cette position depuis longtemps.

La porte-parole Janne Charbonneau a dit que l'agence saluait la décision de Santé Canada, mais qu'elle continuait de préférer «aucune période de refus».

La chef des affaires médicales et scientifiques de la Société canadienne du sang, Dana Devine, a toutefois indiqué que son organisme n'est pas prêt à ce que toutes les restrictions soient levées. «La période de 12 mois demeure parce que les tests sont imparfaits et que nous sommes toujours en cours de progression», a-t-elle expliqué.

Mme Devine a néanmoins ajouté que l'argent investi par Santé Canada aidera l'organisme et Héma-Québec à faire plus de recherches en ce sens.