Le ministre de la Santé, Gaétan Barrette, a lancé une salve bien sentie contre le gouvernement Trudeau, mercredi, en l'accusant de «balayer sous le tapis» ses engagements électoraux en matière de santé.

«Nous avons un manque à gagner dans les transferts qui est substantiel, a déclaré M. Barrette. Et aujourd'hui, on est en train de tout faire pour balayer ça en dessous du tapis et c'est absolument inacceptable de la part du fédéral.»

En campagne électorale, Justin Trudeau a promis d'investir 3 milliards sur quatre ans pour améliorer l'accès aux soins à domicile. M. Barrette calcule que cette promesse permettrait à Québec de toucher 232 millions additionnels par année.

M. Trudeau s'est également engagé à transférer des sommes supplémentaires aux provinces pour améliorer les soins en santé mentale et mieux traiter les problèmes de toxicomanie. Cet engagement n'a pas été chiffré.

Le gouvernement Trudeau accuse déjà du retard, déplore le ministre Barrette, car son premier budget ne prévoyait pas un sou de plus pour ces engagements en santé. Il souhaite qu'Ottawa corrige la situation dès son prochain budget, mais il s'inquiète que la question ne figure pas à l'ordre du jour de la rencontre des ministres des Finances, qui aura lieu la semaine prochaine à Vancouver.

«Les budgets de mars commencent à être préparés à la rencontre de juin, a dit M. Barrette. Alors nous sommes actuellement sur la route de passer à côté de cet enjeu.»

«Des problèmes»

Ottawa «va causer des problèmes» s'il n'honore pas rapidement ses engagements, a prévenu le ministre. Il craint de devoir réduire les services en santé aux Québécois si l'argent n'arrive pas bientôt.

«Je pense que le fédéral va être responsable, a-t-il dénoncé. Actuellement, je considère que le fédéral n'est pas à la hauteur de ses engagements, et dans toutes ses interventions, il essaie de balayer sous le tapis l'enjeu de la santé et ce n'est pas acceptable.»

Les ministres provinciaux de la Santé ont tenu une conférence téléphonique pour discuter de la situation. M. Barrette affirme qu'ils ont été «unanimes» à souhaiter du mouvement de la part du fédéral.

La question de l'investissement fédéral pour les soins à domicile, la santé mentale et la toxicomanie est distincte de la question des transferts fédéraux en santé. Québec réclame que la formule actuellement utilisée par Ottawa pour ce programme soit révisée afin de tenir compte de la démographie. Actuellement, les transferts sont déterminés par la population totale de chaque province.