Le gouvernement doit augmenter le personnel dans les CHSLD et améliorer les soins d'hygiène offerts aux personnes hébergées, recommande une commission parlementaire non partisane.

Trois ans après le début de ses travaux, la commission sur « les conditions de vie des adultes hébergés en CHSLD » a finalement déposé son rapport à l'Assemblée nationale jeudi. On l'a surnommée la commission « Vivre dans la dignité » pour faire un parallèle avec la commission « Mourir dans la dignité ». La seconde a fait beaucoup plus de bruit et a retenu l'attention des parlementaires de façon beaucoup plus importante que la première.

Dans son rapport, la commission composée de députés de tous les partis fait des recommandations en vue de corriger les lacunes qu'elle a constatées dans le réseau :

• Que le ministère de la Santé et des Services sociaux « mette à jour les normes concernant les ratios de personnel afin d'assurer une prestation adéquate de soins et de services aux personnes hébergées, selon leurs besoins individuels » ;

• « Que les établissements évaluent rigoureusement et régulièrement les besoins de soins d'hygiène des personnes hébergées et qu'ils offrent des soins qui y sont adaptés » ;

• « Que les établissements servent des repas selon une diversité de mets, une présentation et une chaleur qui correspondent aux besoins et aux préférences des personnes hébergées » ;

• « Que les établissements procèdent à un examen urgent et minutieux de l'équipement supplémentaire requis pour répondre aux besoins des résidents en matière d'hygiène corporelle et d'alimentation et qu'ils apportent de manière pressante des modifications lorsque nécessaires », et que le ministère de la Santé permette rapidement de corriger la situation.

Dans son rapport, la commission souligne que ses visites dans des CHSLD « ont mis en lumière que certains n'ont pas l'équipement requis ou le personnel pour dispenser des soins d'hygiène corporelle adaptés aux besoins exprimés par la personne hébergée ». Elle ajoute que, selon des mémoires reçus, il y a « des écarts marqués entre le personnel en service et l'intensité des besoins des personnes hébergées ».

Rappelons que le Ministère a demandé aux CHLSD de dresser la liste de leurs besoins en équipements pour offrir les soins d'hygiène. Ils ont répondu dernièrement. Sur 83 projets soumis, 80 ont été retenus. Une enveloppe de huit millions de dollars a été accordée pour faire les travaux au cours des prochains mois.

Dans son rapport, la commission souhaite que tous les établissements éliminent les mesures de contention physique et chimique. Le ministère doit quant à lui « se pencher sur les préoccupations à propos de la surmédication des personnes hébergées » et soutenir « davantage l'approche non pharmacologique ». Il doit aussi « mettre sur pied des programmes de formation obligatoire, revus et adaptés aux nouvelles réalités, à toute personne qui oeuvre ou qui désire oeuvrer dans ce secteur ». Une formation continue doit être donnée « sur une base régulière » à tout le personnel, ajoute la commission. Elle recommande également que « les établissements se préoccupent davantage de la stabilité des équipes soignantes déployées auprès de chaque résident ».

Cette commission parlementaire est née en avril 2013 à l'initiative de la libérale Marguerite Blais, qui a quitté la vie politique depuis. C'était à la suite de reportages de La Presse sur des personnes lourdement handicapées qui avaient été victimes de négligence et de mauvais traitements dans un CHSLD de Montréal. Le gouvernement Marois avait accepté la proposition de Mme Blais. Un document de consultation a été diffusé à l'automne 2013. Une trentaine de groupes ont déposé des mémoires pour faire des recommandations aux élus. Les élections d'avril 2014 ont forcé l'arrêt des travaux. Il a fallu attendre un an et demi pour que les parlementaires reprennent leur mandat sur le sujet, lorsque les manchettes ont à nouveau fait état de lacunes en matière de soins d'hygiène. Des députés de tous les partis ont ainsi visité six CHSLD en décembre et en janvier derniers.

De son côté, le ministre de la Santé et des Services sociaux, Gaétan Barrette, promet depuis un an des mesures pour améliorer les soins d'hygiène dans les CHSLD, mais aussi, plus largement, les conditions de vie des personnes hébergées. Il a signalé la semaine dernière que ces mesures ne seront annoncées qu'à l'automne.