Une centaine de chirurgiens spécialisés dans le traitement de l'obésité se sont donné rendez-vous, ce week-end à Québec, pour participer à une conférence internationale sur les dernières techniques médicales et les percées en la matière.

Le président de l'évènement, le docteur Michel Gagner déplore que le recours à la chirurgie bariatrique, pour traiter l'obésité morbide, est sous-utilisée au pays. Il constate aussi une méconnaissance d'une autre forme de chirurgie, dite «métabolique», pour les gens souffrant du diabète de type 2, soit la forme la plus courante chez les Québécois âgés de 40 ans et plus.

En entrevue à La Presse Canadienne, le Dr Gagner a dit que le Canada fait piètre figure par rapport à ce qui se fait ailleurs dans le monde. Il a donné l'exemple de la France, où l'on dénombre près de 60 000 interventions bariatriques ou métaboliques annuellement, alors qu'il n'y en a que 6000 au Canada malgré un taux d'obésité plus grand.

Ce dernier espère que l'actuel ministre de la Santé, Gaétan Barrette, sera plus sensible à la cause que ses prédécesseurs, d'autant plus que les maladies chroniques telles que le diabète de type 2 ou l'obésité vont coûter de plus en plus cher au système de santé.

Il y aurait 1,2 million de Canadiens obèses et 2 millions de diabétiques au pays, selon les données présentées à l'évènement dans la Vieille-Capitale.

Les chiffres de Statistique Canada sont encore plus alarmants: un adulte sur quatre au Canada était obèse en 2011-2012, soit environ 6,3 millions de personnes, en hausse de 17,5 % par rapport à 2003.

Si au pays la chirurgie bariatrique est surtout utilisée au Québec et en Ontario, le docteur Gagner déplore qu'elle soit sous-utilisée dans les Maritimes ou dans les Prairies. Il croit pourtant que la chirurgie bariatrique ou métabolique est rentable pour le fédéral et les provinces. Le coût de l'opération est récupéré au bout d'une année, selon lui, chez les patients qui devaient auparavant consommer entre cinq et 15 médicaments par année.

Pour le Dr Michel Gagner, il devrait se pratiquer cinq fois plus de ces chirurgies auprès des gens obèses ou souffrant de diabète de type. 2 au Canada.

Présentement, seulement 0,5 % des candidats sont effectivement opérés. «À ce rythme-là, ça prendrait 200 ans pour opérer les malades qui en ont besoin» au Québec et dans le reste du pays, se désole le Dr Gagner.