Le Parti québécois (PQ) affirme que le gouvernement risque fort de rater son objectif de citoyens ayant un médecin de famille d'ici la fin de 2017 et conclut d'ores et déjà à un échec.

La formation politique dit appuyer ses conclusions sur un communiqué d'information rédigé par la Fédération des médecins omnipraticiens du Québec (FMOQ).

Le ministre de la Santé, Gaétan Barrette, a promis que 85% des Québécois auront un médecin de famille d'ici 2018. La cible est prévue dans la loi 20.

En point de presse mercredi matin, la porte-parole de l'opposition officielle en matière de santé, Diane Lamarre, a déclaré que seulement 5,8 millions de Québécois ont actuellement un médecin de famille.

Cela signifie que 2,2 millions de Québécois en sont toujours dépourvus.

« Donc, un million de Québécois doivent être inscrits avant décembre 2017, si le ministre veut respecter la cible de 85% des Québécois qui sont inscrits auprès d'un médecin de famille », a-t-elle souligné en s'appuyant sur le document de la FMOQ daté du 6 mai.

Ce qui ne risque pas d'arriver, avance la députée péquiste, en se fondant sur les conclusions de la FMOQ. Si tous les résidents qui seront diplômés prennent le nombre maximal de patients, soit 500 chacun - pour un estimé d'environ 285 000 patients -, on en sera à plus 700 000 Québécois en deçà de la cible.

« C'est très préoccupant », juge Mme Lamarre.

Et ce chiffre ne reflète que le nombre d'inscriptions.

« On ne parle pas ensuite d'être suivi par un médecin quand on va en avoir besoin », précise-t-elle.

La FMOQ s'est pourtant dite persuadée, mercredi, d'être en mesure de respecter les cibles, même s'il s'agit d'un objectif « ambitieux », a déclaré Jean-Pierre Dion, directeur des communications pour la Fédération.

Il explique que le document d'information cité par la députée indique, au sujet du million de patients sans médecin, que 285 000 d'entre eux seront traités par les récents diplômés, et que les quelque 700 000 autres ne seront pas orphelins de médecins de famille car ils seront pris en charge par ceux qui exercent déjà. « Plus de 70% de l'effort demandé repose donc sur les épaules des médecins déjà en exercice », est-il écrit.

L'objectif du ministre dans la loi 20 porte aussi sur l'assiduité, rappelle Mme Lamarre, qui est l'autre indicateur de performance de la réforme, en plus du nombre de Québécois inscrits auprès d'un médecin de famille.

Concernant cette assiduité, M. Barrette envisage que les patients puissent voir leur médecin de famille 80% du temps - quatre fois sur cinq - afin que ceux qui ont la chance d'en avoir un n'aillent pas engorger les urgences.

Ces taux d'assiduité doivent se retrouver dans des rapports trimestriels. Mme Lamarre dit les avoir demandés au ministre de la Santé mais ne pas les avoir obtenus. Trois ou quatre rapports devraient déjà avoir été rendus disponibles, soutient-elle.

Selon la députée, cette absence de rapport cache ce qu'elle constate sur le terrain : que les Québécois se servent sans succès du guichet d'accès national, mais qu'ils ne sont pas rappelés, et qu'ils n'ont toujours pas accès à un médecin de famille.

« On a un ministre qui a parié, qui a fait un pari sur deux éléments, un incitatif et un dissuasif que sont les inscriptions, les taux d'assiduité. On se rend compte, là, qu'à un an et demi de l'échéance, ni l'un ni l'autre ne remplit les attentes qu'il avait prévues, a-t-elle expliqué. Donc, constat d'échec pour l'instant. »

Réaction de Barrette

Le ministre de la Santé a réagi sans tarder.

« Ce ne sont pas mes cibles, a-t-il lancé. Ce sont les cibles que se sont données aussi les médecins de famille (...) C'est à eux de démontrer qu'ils vont respecter leurs engagements. »

Le ministre souligne que la période actuelle en est une de transition. Il promet de suivre la situation de très près et d'être transparent avec son évolution. Les rapports demandés par Mme Lamarre seront déposés d'ici la fin du mois, a-t-il indiqué.

Il a souligné que le PQ n'a rien fait pour régler la situation quand il était au pouvoir, mais il dit se réjouir de constater que Mme Lamarre adhère enfin à sa réforme, puisqu'elle « en veut le plein effet ».